Isolement, anxiété, agressivité, troubles du sommeil ou de la concentration... Ces symptômes sont parfois signes d'un «état mental à risque». Pour mieux diagnostiquer ces états, qui évolueront dans un cas sur trois en un trouble psychotique, des chercheurs français se sont penchés sur les modifications biologiques qui accompagnent les symptômes psychologiques. Une modification de l'expression de certains gènes L'équipe de chercheurs s'est intéressée pendant un an à 39 personnes à risque, âgées de 15 à 25 ans. Plus précisément, ils ont observé la méthylation de 400 000 sites de leur ADN. La méthylation de l'ADN est un phénomène épigénétique : c'est une transformation chimique de l'ADN qui peut modifier l'expression des gènes après la naissance. Ils ont comparé le profil de méthylation des patients connaissant un épisode psychotique et de ceux n'en ayant pas déclenché. Résultat : les patients avec épisodes psychotiques présentaient des modifications épigénétiques, notamment sur les zones de l'ADN qui correspondent aux gènes impliqués dans le stress oxydatif et dans la réponse inflammatoire de l'organisme. Vers un dépistage simple et précoce Ces résultats ouvrent la voie à une meilleure compréhension des bouleversements biologiques qui accompagnent la survenue d'une psychose. Le déclenchement d'une psychose «pourrait être relié à un stress inflammatoire ou oxydatif rompant l'équilibre déjà fragilisé par une vulnérabilité génétique, environnementale ou neuro-développementale», souligne-t-on. Cette étude pourrait permettre de détecter plus tôt les états psychotiques par une simple prise de sang, et de les soigner avant que les symptômes les plus lourds ne surviennent.