Le Premier ministre français, Manuel Valls, a appelé hier son homologue algérien, Abdelmalek Sellal, pour s'expliquer sur son fameux tweet montrant le président Abdelaziz Bouteflika très affaibli et amoindri par la maladie. Très mal vécu par Alger, le geste de Manuel Valls a provoqué, rappelle-t-on, une vive colère des autorités algériennes qui n'ont pas manqué d'exprimer leur totale réprobation et leur profonde indignation de ce geste mal convenu. D'aucuns iront, d'ailleurs, jusqu'à expliquer que le tweet de Manuel Valls est un acte de vengeance. Près d'un mois donc après le tollé médiatique et politique provoqué par le geste de Valls, le Premier ministre français, ne s'attendant sans doute pas à une telle levée de boucliers à Alger, a fini par prendre conscience de l'ampleur de son geste et des dégâts causés. Il a donc jugé bon d'appeler son homologue Sellal pour lui faire part de sa «bonne foi», en précisant n'avoir jamais voulu nuire à l'image de Bouteflika. L'information a été donnée par Le Parisien dans son édition d'hier qui cite des sources de Matignon. Il faut dire que c'est la première fois que les autorités françaises réagissent à la polémique née de la publication de cette photo qui a suscité une grande colère dans l'entourage immédiat du Président. Il y a deux jours, c'est Amar Saâdani, SG du FLN, qui est monté au front pour dénoncer le tweet de Valls, en laissant entendre que «l'acte du Premier ministre français s'explique par le fait que ce dernier est rentré bredouille en France après sa visite en Algérie». Comprendre : Valls, n'ayant pas pu décrocher la signature des contrats juteux et attendus, aurait délibérément posté cette photo pour se venger. Plusieurs personnalités proches du cercle présidentiel ont estimé, avant Amar Saâdani, que le geste de Valls constitue, en effet, un acte des représailles contre les autorités algériennes. Les explications du Premier ministre français hier répareraient-elles pour autant le tort ? Rien n'est moins sûr. Car les autorités algériennes, après la «bourde frenchie» ne décolèrent toujours pas. Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet à la Présidence et secrétaire général par intérim du RND, a affirmé, rappelle-t-on, qu'il s'agit d'un «comportement abject». Ouyahia a estimé qu'«en France, qui veut bâtir un partenariat d'exception avec l'Algérie, subsistent des revanchards qui ne veulent pas admettre que l'Algérie de papa est finie et que l'Algérie est bien indépendante».