Après une longue absence, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, a enfin réagi à la publication par le Premier ministre français, Manuel Valls, d'une photo montrant le chef de l'Etat très affaibli. Il a profité d'une cérémonie à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse pour commenter ironiquement le geste du Premier ministre français, fait après sa visite à Alger, le 10 avril, dans le cadre de la tenue de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français. Sans jamais le citer nommément, Saâdani a soutenu que Manuel Valls a publié la photo parce qu'il n'avait pas obtenu les projets qu'il était venu chercher. «Le monsieur est venu pour des projets qu'il n'a pas obtenus. Il est reparti en colère et a publié la photo», a-t-il dit. Il ajoutera, toujours ironique, que «ce n'est pas avec une photo tweetée qu'on change de président». L'orateur a rappelé que le président Bouteflika est élu jusqu'en 2019, précisant que le FLN le soutiendra jusqu'à la fin de ce mandat. De la même façon, Amar Saâdani a appelé ceux qui ont mis des costumes de président à les enlever et attendre la prochaine élection présidentielle de 2019. Le SG du FLN fait ici allusion au patron du RND et directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. Mais pourquoi Saâdani a-t-il attendu tout ce temps pour réagir à l'acte du Premier ministre français qui a soulevé un tollé en Algérie et qui a été qualifié d'ailleurs par le même Ouyahia de «comportement abject de revanchards français» ? «Etant donné que les agents de la France s'étaient mis à tirer sur la France et les adversaires de Bouteflika s'étaient mis à le défendre, on leur a laissé la parole», a-t-il justifié sans pour autant nommer ses cibles. En rendant hommage à la presse algérienne, le patron du parti majoritaire n'a pas manqué de fustiger des médias, notamment les grands médias internationaux, accusés d'exploiter la liberté de la presse pour des intérêts politiques. Il a mis en garde contre «le terrorisme médiatique» qui détruit les nations en s'en prenant au journal Le Monde et à la chaîne de télévision France 24 sans les nommer. Que leur reproche-t-il ? Le secrétaire général de l'ex-parti unique a accusé Le Monde de tomber dans la diffamation et la désinformation en publiant sur sa Une, une photo du président Bouteflika dans le sillage du scandale planétaire d'évasion fiscale, Panama Papers. A France 24, «orientée par des lobbies sionistes» selon lui, Amar Saâdani fait le reproche d'avoir invité et donné la parole au «séparatiste» Ferhat Mehenni, président du gouvernement provisoire de la Kabylie (GPK), sans pour autant le citer nommément lui aussi. Interrogé sur la tournée de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, dans les zaouias du pays, Amar Saâdani, le premier homme politique à avoir défendu publiquement l'ancien ministre dont le nom est associé aux scandales de corruption, a répondu de manière évasive. «Chakib Khelil est un cadre algérien. Les zaouias sont des lieux purs et nous souhaitons tous aller aux zaouias», a-t-il souligné, en guise de défense de l'ancien ministre.