Le phénomène répétitif des tentatives d'émigration clandestine à partir des côtes d'Annaba se produit généralement quand la météo se fait clémente. Il devient presque banal à tel point qu'il est perçu comme un fait divers par nos concitoyens… Pourtant, les chiffres sont éloquents et il n'y a qu'à comptabiliser le nombre de tentatives, avortées ou réussies, d'émigration clandestine à partir des côtes annabies pour se rendre compte qu'il y a péril en la demeure de ces jeunes tentés par un ailleurs où la vie serait meilleure. Selon des décomptes officiels, 198 candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés à Annaba depuis janvier 2016. Et d'autres décomptes, non officiels, parlent de plus de 400 harraga ayant réussi leur traversée migratoire par mer, uniquement depuis janvier de l'année en cours. Entre ces chiffres demeure le nombre incalculable de jeunes disparus et ce, depuis de nombreuses années. Pour l'heure, c'est de nouveau parti et le phénomène ne semble pas connaître son épilogue, malgré les efforts déployés par les autorités algériennes pour endiguer ce phénomène. C'est ainsi qu'avant-hier, très tôt le matin, les éléments du Groupement territorial des gardes-côtes (GTGC) ont arrêté 26 candidats à l'émigration clandestine à 2 miles de la plage d'Oued Bagrat, située à 11 km en contrebas de Seraidi. Ils étaient entassés à bord d'une embarcation de fortune à destination de la Sardaigne, en Italie. Agés entre 20 et 33 ans, ces jeunes sont originaires d'Annaba pour 15 d'entre eux, 7 d'El-Tarf, 2 de Guelma et 2 de Jijel. Cette énième tentative d'émigration clandestine remet sur le tapis des autorités locales la problématique des lieux isolés, loin du regard, où des embarcations artisanales sont fabriquées en toute discrétion. Leurs prix varient selon la capacité d'accueil et sont de l'ordre de 20 000 à 60 000 DA. A Sidi Salem, véritable chantier naval artisanal et fief des harraga, plusieurs embarcations ont été détruites par les forces combinées de la police et de la gendarmerie, mais en vain. Les éléments du GTGC continuent de voir une recrudescence du phénomène, surtout en périodes de mer calme à peu agitée, selon les termes de la météo.