En réaction à la dernière note que son propre département a publiée en début de semaine sur l'inquiétant déficit du Trésor public, Benkhalfa a fait en sorte de rattraper le coup en se montrant rassurant sur l'état des finances publiques. A Qualifiant le déficit du Trésor public de situation conjoncturelle que le pays saura dépasser, le ministre des Finances a, lors d'une conférence de presse organisée hier à Alger, argué que le déficit de 1104 milliards de dinars accusé par le Trésor, lors des deux premiers mois de 2016, s'explique par le maintien des dépenses d'équipements, déclinées en projets publics de «petites routes», d'écoles ou de logements sociaux, lesquels doivent en tout cas être achevés coûte que coûte. Ce sont donc ces dépenses qui, selon le ministre, ont affecté le budget du Trésor public. Continuant dans son argumentaire, Benkhalfa a fait en sorte de rassurer au passage les millions de fonctionnaires en relevant que de toutes les manières les dépenses de fonctionnement qui sont de l'ordre de 4000 milliards de dinars sont largement couvertes par les recettes estimées à 4500 milliards. Pour épauler son homologue des Finances, le ministre chargé du Budget et de la Prospective, Hadji Baba Ammi, parle d'«atterrissage en douceur», en évoquant les dépenses publiques. Pour lui, «il n'est pas possible d'arrêter les projets d'un seul coup, cela risque de provoquer, dans ce sillage, la faillite des entreprises engagées dans les projets d'utilité publique». Faisant le point sur l'emprunt obligataire, objet de la rencontre avec la presse, le ministre des Finances a estimé qu'après une vingtaine de jours de son lancement, il s'agit d'«un début prometteur». A travers cette opération, l'Etat prouve qu'il a «les moyens pour rebondir» après les chutes des prix du pétrole, s'enorgueillit le premier argentier du pays qui a voulu dédramatiser l'endettement (interne ou externe) en prenant à témoin les directeurs des banques présents à la rencontre pour illustrer l'engouement que connaît pour le moment cette opération d'emprunt. Se refusant toutefois à révéler les chiffres précis sur les montants levés dans cette opération, Benkhalfa s'est contenté d'avancer qu'il s'agit de dizaines de milliards de dinars. Pour appuyer ses propos, il a fait savoir que les agences bancaires, celles d'Algérie Poste et les autres organismes engagés dans cette opération ont connu des ruptures de titres, tellement la demande était importante dans certains bureaux. De fil en aiguille, Benkhalfa a fini par lâcher que près de 9 millions de bons de Trésor, toutes formules confondues, ont été imprimés ou seront imprimés au cours des mois à venir. Ceci dit, le ministre a contourné la question quant au montant que l'Etat souhaite élever à travers l'emprunt national pour la croissance économique (ENCE, appellation officielle consacrée à l'emprunt obligataire). Sur la question de l'inexistence de contrôle par les établissements financiers de l'origine des fonds déposés dans le cadre de l'emprunt obligataire, le ministre a répondu qu'il existe plusieurs «couloirs» qui se chargent de cette mission, citant entre autres les services des Douanes, les impôts, l'Inspection générale des finances (IGF) et la Banque centrale. Les banques recensent : 7 millions de comptes en devises Les différentes banques publiques et privées de droit algérien ont recensé un total de 7 millions de comptes en devises sur un total de 30 millions de comptes, toutes monnaies confondues, a révélé au passage le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, qui répondait par l'affirmative à une question des journalistes sur la possibilité accordée aux membres de la communauté algérienne établie à l'étranger de souscrire, au même titre que les résidents, à l'emprunt obligataire, à condition que ce soit en dinars.