Excepté la parenthèse de la saison estivale qui voit les plages de la wilaya de Tizi Ouzou prises d'assaut par des millions d'estivants, les autres régions à potentiel touristique sont presque boudées durant le reste de l'année. C'est le constat que font les spécialistes et professionnels du tourisme dans une wilaya considérée pourtant, de par ses potentialités, comme l'une des plus prometteuses en la matière. De par la variété de ses richesses naturelles, la wilaya de Tizi Ouzou devrait être considérée comme une des régions les plus attractives du pays, elle qui renferme un potentiel naturel alternant entre un tourisme culturel, balnéaire et climatique auxquels il faut ajouter une richesse artisanale qui devrait faire de Tizi Ouzou l'une des premières destinations touristiques du pays et pourquoi pas du bassin méditerranéen. Le massif du Djurdjura constitue un immense gisement de pôles touristiques intégrant une infinie variété de produits. Tala Guilef, Lalla Khedidja, le lac d'Agoulmine, le gouffre de Boussouil (1259 m), les grottes du Macchabée, le Pic d'Azrou N'Thour, les cols de Tirourda (1700 m) et de Tizi N'kouilal (1600 m) sont parmi les sites les plus connus du Parc national du Djurdjura, favorables à la pratique du tourisme de montagne (sports d'hiver, randonnées pédestres, l'alpinisme et la spéléologie). Des atouts méconnus par les citoyens y compris ceux de la région et qui ne demandent qu'a être mis en valeur afin d'attirer des visiteurs avides de changer d'air et de se ressourcer auprès de Dame nature. «Il m'arrive souvent de tomber sur un article de presse où l'on évoque une station thermique, un lac ou une forêt situés dans la wilaya alors que je n'ai jamais entendu parler avant. C'est tout de même aberrant que l'on connaisse par cœur les moindres coins et recoins de nombreux pays alors que notre propre région nous est encore méconnaissable», s'insurge un émigré rencontré dans une agence de voyages au centre-ville, venu changer la date de réservation de son billet pour Paris. «Il a raison. Nous sommes tous responsables», rétorque une jeune employée dans la même agence. Selon notre interlocutrice, la relance du tourisme dans notre pays et plus particulièrement en Kabylie, exige un véritable plan Marshal, où les pouvoirs publics auront un grand rôle à jouer. Des potentialités en jachère «Nous sommes très loin de ce qui se fait à travers le monde dans le domaine du tourisme. Il existe des centaines d'agences de voyages à travers le pays mais est-ce que vraiment ces dernières font dans la promotion du tourisme pour vendre la destination Algérie ?», s'interroge notre interlocutrice qui avoue que dans l'état actuel des choses, aucune agence ni organisme du secteur ne fait le moindre effort pour valoriser le tourisme local. Bien au contraire, ajoute-t-elle, les professionnels du métier font beaucoup plus dans la promotion des destinations étrangères faute d'un produit local attractif. «C'est normal en quelque sorte du moment que nous n'avons aucun choix. Qu'est-ce qu'on peut proposer pour un client qui veut passer une semaine de vacances en montagne ou au bord de la mer, à part une destination en dehors du pays ?», argumente notre interlocutrice qui croit dur comme fer que dans notre pays les potentialités touristiques sont toujours en jachère alors que le tourisme est encore à réinventer. Rencontrés hier matin à l'occasion de l'ouverture du 8e Salon de l'artisanat qu'organise l'APW en collaboration avec la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) au niveau du jardin Akli Mohand Oulhdaj dans la ville de Tizi Ouzou, de nombreux artisans venus exposer leurs produits nous ont fait part des difficultés auxquelles ils font face au quotidien et surtout de leur inquiétude quant à l'avenir de leur métier pourtant très lié à la promotion touristique de la région. La bijouterie, la poterie, la vannerie, le tissage, la sculpture sur bois, la broderie, le vêtement traditionnel et la ferronnerie d'art qui sont censés faire connaître la région à travers le monde, sont aujourd'hui des métiers en voie de disparation, faute de prise en charge réelle des artisans par les pouvoirs publics. «On ne peut pas valoriser l'image d'un pays sans avoir la possibilité de créer et surtout de vendre des produits du terroir liés à l'histoire et à la culture de ce pays», nous confie un artisan bijoutier de Beni Yenni qui espère voir l'Etat se pencher sérieusement sur la situation difficile dans laquelle évoluent les professionnels de l'artisanat et non pas pérorer à longueur de visites ministérielles sur la «nécessité d'améliorer la qualité du produit artisanal en vue de son exportation», pour reprendre la déclaration de la ministre déléguée auprès du ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, chargée de l'Artisanat, Aïcha Tagabou, lors de sa récente visite dans la wilaya de Tizi Ouzou.