Cet été a été particulier par rapport aux autres saisons estivales. Ses principales caractéristiques sont le Ramadhan, qui a coïncidé avec cette période, et les événements qui secouent le Monde arabe. Elles ont eu incontestablement des incidences sur la demande du touriste algérien. Contacté, Hamdis Massinissa, directeur de Cherchell Tours, nous confirme ces constatations. Selon lui, «ça a bloqué un peu par rapport au Ramadhan du fait que l'activité s'est globalement ralentie, mais 15 jours après le début du mois sacré, la demande s'est exprimée d'une manière plus prononcée, car l'Algérien est le client de dernière minute : on nous a téléphoné pour avoir des informations sur la disponibilité et les prix. Après le Ramadhan, ce fut le pic. On ne savait pas où envoyer les clients». Concernant les destinations les plus demandées, ce sont les mêmes que les années précédentes. Mais Hamdis ajoute : «Il y a celles qui commencent à émerger : l'Espagne et la France où on nous demande un séjour d'une semaine à Paris ou à Marseille.» La cité phocéenne est la capitale européenne de la culture. Elle multiplie pour les visiteurs les opportunités de s'émerveiller devant la mise en valeur du patrimoine et l'écrin offert aux richesses de la Méditerranée. Avec 600 millions d'euros de retombées attendues, la ville mise sur l'événement culturel pour accroître sa notoriété internationale. Attirer une clientèle de loisirs, telle est l'ambition de l'Office de tourisme de Marseille, qui attend près de dix millions de visiteurs sur son territoire en 2013, soit deux millions de plus que d'ordinaire. Espagne la conquérante et dépaysement aux îles des princes L'Espagne, de son côté, a facilité la délivrance des visas de courte durée. Petite ombre au tableau : le problème reste l'obtention du rendez-vous pour déposer le dossier. Une personne qui veut s'y rendre en été va décrocher un rendez-vous en octobre ! Mais ceux qui possèdent déjà le visa Schengen, les portes de l'Espagne leur sont grandes ouvertes. Toujours secoué par la crise économique, le pays a tout intérêt à miser sur le secteur du tourisme qui ne lui a jamais fait défaut et risque même de repartir de plus belle avec les tensions qui secouent actuellement le Monde arabe. En fin observateur, Hamdis prédit que «les prochaines années, ça va être le cas car les prix sont intéressants et l'Espagne possède beaucoup de petits hôtels propres et bien situés, où l'Algérien peut se permettre un séjour agréable». Et comme chaque été, il y a une destination qui carbure bien : la Turquie, avec des voyages organisés, plus particulièrement à Istanbul. Cherchell Tours a proposé deux périodes : du 15 au 24 août et du 24 août au 02 septembre 2013, soit un séjour de 10 jours à partir de 149 990 DA. Le prix comprend des excursions sur le Bosphore, City tours et aux îles des Princes et un voyage sur les ailes de la Turkish Airlines. L'hôtel choisi par l'agence est Bade hôtel et pour mieux rassurer ses clients, l'agence précise qu'il est «recommandé par Tripadvisor», un site web qui offre des avis de consommateurs sur tous les types d'établissements touristiques. Une référence en la matière.«Je fais ce que je maîtrise», précise le patron de cette agence. A travers toutes les destinations, l'Algérien cherche avant tout le dépaysement. C'est un client qui bouge, ce n'est pas l'Européen qui se contente de l'hôtel et de la piscine. Il est curieux et voyage en famille ou en couple (voyage de noces). Mais qu'est-ce qui explique la cherté des séjours ? Les prix sont élevés à cause du transport aérien et des hôtels. Avec le lancement d'une deuxième fréquence, Turkish Airlines pourrait revoir ses prix à la baisse. Des nuits d'escale à Casablanca Du côté des hôtels de Beyazit, c'est très cher alors certaines agences optent pour la région du Chichli, qui reste relativement abordable. Parmi les autres destinations qui ont la cote, selon plusieurs agences, figure le Maroc (Agadir) avec ses attraits balnéaires et un peu moins Marrakech, qui marche fort surtout en basse saison (hiver-printemps). Casablanca sert pour des nuits d'escale (proximité de l'aéroport). Les agences organisent aussi des séjours à la carte, mais le problème est la disponibilité des billets d'avion. La majorité des agences conseillent aux clients de prendre leur séjour avec des agences de voyages car beaucoup prennent le risque de planifier tout seuls croyant que c'est moins cher, alors que c'est faux. Il y a les aventuriers qui décident de partir en voyage et d'improviser une fois arrivés à destination. Cette situation peut tourner au cauchemar et réserver de mauvaises surprises. Cherchell Tours signe un contrat avec ses clients pour sauvegarder l'image de l'agence et se protéger, ainsi que le client, en cas de litige. Les voyages organisés, des formules rentables Avec l'offensive des compagnies aériennes (Emirates airlines, Air Malta…), les agences ont plus de choix. Elles restent de bons partenaires. En haute saison, ce sont les voyages qui marchent, en basse saison, c'est la billetterie qui marche… Le problème de la promotion est néanmoins la limitation des places. La règle du jeu est très simple mais subtile : elles ne vendent pas l'appareil mais les sièges par des prix d'appel. Dernière remarque : les agences préfèrent faire de l'émission que du réceptif. La raison est plausible : la destination Algérie reste chère et souffre d'un déficit d'image et de notoriété. Le tourisme domestique, pourtant décrété «priorité nationale» au dernier Salon international du tourisme et des voyages (Sitev), se contente de petites initiatives éparses et d'effets d'annonce. Kamel Benelkadi
