En ce mercredi nuageux de la mi-mai, une visite à quelques musées d'Alger s'est imposée. Bien qu'à Alger, il y a plusieurs musées intéressants tels que Dar Khedaouedj El aâmia ou celui des Beaux-Arts, vu le manque de temps, le ministère de la Culture nous a invités hier à une petite virée au Mama, au Bardo et au musée des Antiquités. C'est par le musée des Arts modernes d'Alger ( Mama) que la tournée a commencé. Une exposition Genese y est organisée. On y trouve notamment des œuvres de grands artistes offertes par Mme Zoulikha Benzine et Djaâfar Inal. Les premiers dessins de M'hamed Issiakhem nous font oublier rapidement le temps maussade de ce mercredi de mois de mai. Les quelques tableaux d'Issiakhem nous rappellent que cet artiste a touché à tous les styles. On découvre ou redécouvre également des œuvres de Abdelouahab Mokrani, Mohamed Khadda, Pierre Dehay et des tableaux anonymes. On apprécie aussi les tableaux de la collection de Fatiha et Mustapha Orif et quelques beaux tableaux réalisés par des anonymes. Lors de la petite pause, le directeur du patrimoine au ministère de la Culture, Mourad Bouteflika, indique que la tutelle tient vraiment au développement de l'activité muséale en Algérie. En aparté, il reconnaît qu'actuellement la plupart des musées continuent à fermer leurs portes entre midi et treize heures, ce qui n'est pas du tout normal, mais a promis que cela va changer prochainement car «les mentalités doivent changer», a-t-il dit. Au musée des Antiquités, on a assisté au vernissage de l'exposition Voyage à travers le Zelidj qui se tient du 18 mai au 30 septembre 2016. Le fait d'inaugurer une si importante exposition le jour de la clôture du mois du patrimoine prouve qu'il y a une volonté d'attirer les visiteurs tout le long de l'année et pas seulement durant de telles occasions. L'exposition de carreaux de faïence ou Zelidj ou encore Zelaïdj dont le nom ne viendrait pas de l'espagnol azul (bleu) mais de l'arabe «al zulaydj», petite pierre polie. Comme on le voit à travers l'exposition, on retrouve les plus belles œuvres en Zelidj en Espagne où sont passés les Arabes, en Turquie, Italie, Iran, Algérie et en Tunisie. On retrouve beaucoup de ressemblance dans les carreaux de faïence de ces pays bien qu'il y ait des différences dans ceux d'Iran et de Turquie. La grande différence se retrouve dans les faïences de la Hollande puisqu'on y voit des maisons locales, des paysages des Pays-Bas et des bateaux connus dans l'histoire de ce pays. On quitte ce musée qui est l'un des plus anciens d'Algérie et une petite marche à pied nous mène vers l'immense Bardo. En ce mercredi, les belles couleurs et les décorations des différentes chambres et salles de ce palais nous rappellent vite qu'on est bien au printemps. Des poupées habillées en costume traditionnel nous font une tournée à travers l'Algérie et les habits d'autrefois. On retrouve la robe en djenoua (velours) brodée en medjboud de Constantine et celle en fetla de Médéa. On trouve aussi les robes de Kabylie et des Aurès et le burnous de l'Atlas tellien et celui du Sahara. Dans le grand shine (patio), on découvre par surprise que le ministre de la Culture est arrivé discrètement pour visiter une exposition intitulée Tropique Cancer liant la photographie à l'art pictural. Le ministre qui connaît bien les murs du Bardo ne s'est pas attardé pour bien revoir les décors des différentes chambres dont celui de La Favorite. M. Mihoubi qui semble pris par le temps semble penser aux solutions pour faire revivre ces musées dont on parle de leur développement depuis des décennies. Le directeur du musée de Médéa organise des festivités telles que la fête du pain et des sorties à Benchicao en faisant passer ses invités par le musée. Cette méthode a donné quelques résultats mais cela reste insuffisant. Le ministère n'a-t-il jamais pensé à des formations aux conservateurs des musées ? Pourquoi ne penserait-on pas à faire appel à des experts en management ? En tous les cas, ce mercredi nuageux du mois de mai nous a rappelé qu'à Alger, il y a des musées. Ce qui manque, ce sont les visiteurs.