Les chauffeurs de taxi transitant quotidiennement par la frontière tunisienne expriment leur mécontentement quant à l'obligation de s'acquitter de la taxe dite de sortie d'une valeur de 30 dinars tunisiens. Ces derniers qui se retrouvent contraints de payer cette taxe, qui concernait auparavant tous les «touristes», pas uniquement les véhicules, demandent son annulation pure et simple. Ils argumentent leur demande par le fait que les dépenses auxquelles ils font face sont déjà onéreuses avec notamment les frais de carburant qui sont de l'ordre de 2000 dinars/jour. Nombre de ces chauffeurs de taxi, qui affirment faire la navette Algérie-Tunisie plusieurs fois par jour, avouent que les dépenses sont «insupportables». Contacté, Abdelkader Bouicha, secrétaire général de la Fédération nationale des chauffeurs de taxi, a clairement appelé les autorités algériennes à «imposer le principe de réciprocité» aux véhicules et taxis tunisiens sortant du territoire algérien. «Certes on veut soutenir nos frères tunisiens vu le contexte actuel, mais il faut également penser aux transporteurs algériens», explique-t-il estimant que ces derniers «ne bénéficient d'aucune considération». Bouder le pays voisin est la solution préconisée par notre interlocuteur «dans le cas où l'Etat n'imposerait pas le principe de réciprocité». Faut-il vraiment aller jusqu'à imposer une taxe aux véhicules tunisiens transitant par le territoire algérien ? Abdelkader Bouchrit, président de la Fédération algérienne des transports de voyageurs et de marchandises, n'est pas d'accord. «On ne pourrait pas exiger des autorités tunisiennes de supprimer cette taxe qui constitue une rentrée d'argent. On ne peut également pas parler d'imposer le principe de réciprocité», a-t-il expliqué, considérant néanmoins la taxe de 30 dinars tunisiens comme un frein pour les déplacements des véhicules algériens vers la Tunisie. Selon lui, «il faudrait plutôt parler d'allègement de cette taxe». Il propose notamment que le ministre algérien des Affaires étrangères s'explique avec son homologue tunisien. «La situation économique dans ce pays lui impose, estime-t-il, soit de réduire la taxe, soit la supprimer.» Chakib Djouhri, président de l'Amicale des Algériens en Tunisie et député à l'APN, a exprimé son souhait de voir «les Tunisiens réviser cette taxe à la baisse ou faire des exceptions». Selon lui, il y a une grande mobilisation à ce propos. Le ministre tunisien des Finances, Slim Chaker, avait souligné la décision de son gouvernement de réviser la taxe imposée aux véhicules algériens après avoir annulé la taxe de sortie du territoire tunisien pour les Algériens. Mais aucun dispositif n'a été mis en œuvre pour l'instant. Le nombre de voyageurs à travers les postes frontaliers avec l'Algérie s'élève à près de 3 millions par an dans les deux sens, dont 2,4 millions d'Algériens, selon les estimations de 2015.