Les échanges intra-africains sont très faibles, a reconnu hier le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, lors d'une rencontre avec des exportateurs. Les exportations hors hydrocarbures d'Algérie vers les pays africains sont en effet très faibles et ne dépassent pas 0,2%, soit moins de 50 millions de dollars en 2015. Les importations algériennes des pays d'Afrique sont également insignifiantes, elles représentent un taux de 0,7% en 2015. Lors de la rencontre des exportateurs algériens et africains, organisée en marge de la 5e édition du Salon de l'exportation «Djazaïr Export» qui se tient au Palais des expositions depuis le 28 mai jusqu'au 2 juin, le ministre du Commerce a plaidé pour la création d'une zone africaine de libre-échange. Plusieurs intervenants ont plaidé aussi pour prendre les mesures adéquates afin de promouvoir les échanges commerciaux entre l'Algérie et les pays de l'Afrique subsaharienne. Des opérateurs et représentants de chambres de commerce et d'organisations africaines ont proposé de lancer des investissements pour la transformation de produits agricoles dans leurs pays où le gaspillage atteint parfois 90%. Ils proposent à l'Algérie d'encourager des projets de partenariats gagnant-gagnant et ne pas avoir une vision à sens unique ayant pour objectif de placer des produits sur leurs marchés. Pour inverser le bilan insignifiant des échanges commerciaux entre l'Algérie et ces pays, des correctifs concrets et efficaces doivent être apportés aux volets liés à la logistique, transport, financements, fiscalité et douane. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a noté à ce propos que «l'exercice d'exportation est prioritaire dans le nouveau modèle de croissance économique». Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, l'Algérie veut renforcer les exportations et les échanges commerciaux avec les pays subsahariens. Elle veut également promouvoir des projets de partenariats «mutuellement bénéfiques». La Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) est prête à accompagner l'Algérie dans sa démarche. Le chef de la division de l'assistance technique à la Badea, Mohamed El Aïchouni, a relevé que «dans le cadre du plan quinquennal 2015-2019 de la banque, 400 millions de dollars ont été mobilisés pour soutenir le secteur privé en Afrique et 1,025 milliard de dollars pour appuyer les programmes de financement des exportations des pays arabes vers les pays d'Afrique subsaharienne». La banque a accordé 4,7 milliards de dollars depuis sa création en 1975 jusqu'à 2015 pour financer 607 projets de développement. L'offre de la Badea Pour exporter un produit arabe vers les pays africains, ce responsable citera deux conditions. La première est liée à l'admission du produit dans le pays africain importateur et la seconde concerne le taux d'intégration du produit à exporter qui doit être d'au moins 30%. «L'Algérie dispose de nombreux atouts naturels et a des capacités de développement de son industrie», souligne-t-il. Elle peut exporter, notamment, des produits agricoles, des intrants, des médicaments, des produits électriques, en sus des hydrocarbures. «Nous sommes prêts à accompagner l'Algérie pour accéder au marché subsaharien afin d'exporter ses produits hors hydrocarbures», a-t-il fait savoir. La Badea facilitera les échanges de paiement entre importateurs et exportateurs vers le marché africain, notamment en ce qui concerne le rapatriement ou l'expédition des devises qui constitue un blocage pour les exportateurs algériens. A l'occasion de la manifestation d'hier, des rencontres «Be to Be» ont été tenues entre opérateurs algériens et subsahariens afin de prendre connaissance du climat des affaires et des mesures incitatives prévues dans les pays des deux parties. D'ici novembre, une short-list de 15 exportateurs algériens devra être établie, a suggéré Benkhalfa.