Le secteur de la santé a toujours été malade dans la wilaya de Tizi Ouzou. Le plus souvent, il est traversé par des moments de crise et de tension. Les personnels de nombreux secteurs sanitaires pataugent et affrontent des conditions de travail difficiles. C'est pourquoi le recours à la protestation est quasi permanent. C'est ainsi que le personnel de l'établissement public de santé de proximité (EPSP) d'Ouaguenoun, sous la direction de la section syndicale affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens et qui regroupe les structures de santé de huit communes des daïras de Tigzirt, Makouda et Ouaguenoun, montre toute sa colère en organisant de façon cyclique des arrêts de travail de deux jours depuis plus d'un mois. Les revendications mises en avant sont pareilles à celles qu'expriment souvent les travailleurs du secteur de la santé. Il s'agit, entre autres, de l'amélioration des conditions de travail, la mise à jour des carrières des travailleurs, l'intégration des sages-femmes à la catégorie 12 ainsi que le classement dans des postes supérieurs des cadres de la santé et coordinateurs. Ils exigent également l'application des rappels d'application du 87 bis de la catégorie 1 à 10, sachant que les classements ont été effectués sans toutefois qu'il y ait eu versement des indemnités. Aussi, insistent-ils sur les avancements de l'année 2011 jusqu'à 2015. Même les indemnités de garde n'ont pas été perçues depuis une année. C'est en somme un tableau noir que les syndicalistes dressent. Face aux nombreuses anomalies relevées, la section syndicale exige des autorités compétentes, notamment de la Direction de la santé et de la population (DSP), de diligenter une enquête administrative et indépendante sur le fonctionnement de l'EPSP d'Ouaguenoun et d'établir un audit des finances sur la gestion de cet établissement. En plus de cette commission, il est exigé l'installation d'un conseil médical «représentatif qui servira de liaison verticale avec l'administration et horizontale entre les différents services de l'EPSP». A Ouacifs, les citoyens s'en mêlent A Ouacifs, un long bras de fer oppose le directeur de l'EPSP aux travailleurs qui exigent toujours son départ. Du coup, des grèves cycliques sont menées par le personnel de l'établissement, une situation qui a engendré la paralysie des différentes structures sanitaires. Face à cette situation qui n'arrange guère les habitants de toute cette région du sud de la wilaya, un collectif de citoyens a tout simplement décidé de s'en remettre au ministre de la Santé en lui demandant, par le biais d'une requête, d'intervenir afin de rouvrir les unités de soins de l'EPSP de la localité qui regroupe une quarantaine d'unités de soins et 8 polycliniques à travers trois daïras : Ouacifs, Ath Yenni et Ouadhias. Les rédacteurs de la requête, dont une copie nous a été transmise, précisent d'emblée qu'il ne s'agit pas d'une quelconque ingérence dans ce conflit, tout en dénonçant avec la plus grande vigueur cet état des lieux qui porte préjudice à la population locale qui vit un calvaire quotidien à cause de la crise dans laquelle est plongé le secteur. Ils dénoncent également le fait que cette situation ait induit «l'abandon» des malades, notamment les malades chroniques. L'EPSP d'Ouacifs est miné par une crise multiforme, marquée notamment par le bras de fer entre deux entités syndicales exerçant en son sein, à savoir l'UGTA et le SNPSP, dont les revendications sont diamétralement opposées, qui ont exacerbé davantage la crise. Dans une précédente déclaration, la section syndicale affiliée à l'UGTA de cet établissement avait réclamé le départ de ceux qu'elle qualifie de fauteurs de troubles connus et reconnus par toutes les instances de wilaya, la nomination d'un directeur avec un pouvoir de signature, la fin du mépris vis-à-vis de l'EPSP Ouacifs et de toute une région, en nommant des directeurs non diplômés et sans pouvoir de signature. Aussi, ont-ils réclamé «la dissolution de toutes les commissions de l'EPSP Ouacifs et la réorganisation des élections (conseil médical, commission paritaire, conseil d'administration, conseil scientifique, formation et information…). Ils demandent aussi que soit sanctionnés, conformément à la réglementation, les agents des pavillons des urgences et de radiologie qui ont abandonné leurs postes de travail pendant les gardes en recourant à des arrêts de travail de complaisance». Aujourd'hui, les protestataires estiment toujours que le salut de l'EPSP passe par la nomination d'un directeur «digne de ce nom, capable d'assumer ses responsabilités et d'être à la hauteur des attentes des travailleurs».