La question qu'il faudrait désormais se poser avant de prendre la route n'est pas celle de savoir à quelle heure arriver, mais «va-t-on arriver?» La sécurité routière prônée par les pouvoirs publics et les professionnels de la route est-elle devenue un slogan vide de sens ? A voir de plus près, la réponse est indéniablement oui, vu le nombre de tués et de handicapés à vie que les accidents de la route engendrent chaque année. Cette fois-ci encore, le terrorisme routier a frappé fort dans la wilaya de Laghouat. Dans la nuit de vendredi à samedi, la collision entre un bus et un camion a fait 32 morts et une vingtaine de blessés. Ce tragique accident est survenu, en effet, vers deux heures du matin sur la RN23 au lieudit El Djeder, commune de Oued Morra (Laghouat), suite à une violente collision entre un poids lourd immatriculé dans la wilaya de Relizane (48) et un autocar de transport de voyageurs en provenance de Ouargla à destination d'Oran, qui a été ravagé par le feu, ont indiqué des sources concordantes de la Protection civile, de la Gendarmerie nationale et de la direction de la santé, citées par l'APS. Une hécatombe de trop qui vient s'ajouter à la longue liste noire des accidents enregistrés ces dernières années, notamment sur les axes routiers reliant le nord au sud du pays. Même si l'enquête diligentée par les services de la Gendarmerie nationale n'a pas encore établi les raisons exactes ayant causé ce drame, il est connu dans ce genre d'accident que le facteur humain est souvent derrière l'irréparable. Souvent, les chauffeurs routiers et les conducteurs de bus interwilayas sont exploités à fond par des patrons sans scrupule. Ils sont poussés à avaler des centaines de kilomètres sans interruption et dans des conditions très éprouvantes. A bout, la mort les attend au virage, profitant du moindre instant d'inattention ou d'envie de fermer l'œil pour leur signer la fin du voyage. La route de tous les dangers En dépit du caractère répétitif de ces accidents dramatiques qui sont derrière la mort de dizaines de personnes, les pouvoirs publics continuent à faire la sourde oreille, renvoyant toutes les mesures du permis à points, de durcissement de la loi et autres dispositifs aux calendes grecques. Car dans ces accidents qui fauchent la vie «en gros», les mis en cause directs sont les chauffeurs de bus et de camions qui se déplacent du sud au nord du pays ou vice-versa, sur des distances de près d'un millier de kilomètres. Aussi, l'autre élément à retenir est que la plupart de ces accidents se produisent très tôt dans la matinée, au moment où le sommeil est présent avec insistance. En fait, de fin décembre à hier pas moins de cinq accidents très graves ont été enregistrés, tous dans le Sud. Le 2 avril dernier, une collision entre un véhicule de tourisme et un camion a fait onze morts et six blessés graves près de Taghit. Le 11 février, une autre collision frontale entre un camion et un minibus a fait treize morts et deux blessés près d'Aïn Sefra. Le 9 janvier, cinq personnes ont trouvé la mort et 21 autres ont été blessées lorsqu'un bus s'est renversé près de Saïda. Le 20 décembre 2015, une collision entre un véhicule de transport de voyageurs et un camion semi-remorque a coûté la vie à huit personnes, sur la RN1 reliant Djelfa à Laghouat. Pour ce qui est d'El Djeder, cette région avait été le théâtre en septembre 2014 d'un accident similaire ayant entraîné la mort de 17 personnes et causé des blessures à 27 autres. Si rien n'est fait pour contrôler avec rigueur le nombre d'heures de conduite et de repos pour les chauffeurs routiers et les conducteurs de bus, en vérifiant les chrono-tachygraphes, la route continuera de constituer une source de deuil pour les familles algériennes.