L'Amérique est frappée une nouvelle fois en plein cœur. L'effroyable fusillade qui a eu lieu dans la nuit de samedi, dans un night-club à Orlando, le «Pulse», en Floride, est la pire dans l'histoire des Etats-Unis. Horrible. Pas moins de 50 personnes y ont été froidement canardées et 53 autres gravement blessées par un jeune Américain d'origine afghane, Omar Matten, âgé de 31 ans. Il était 2h du matin, (8h heure algérienne) quand ce jeune tueur fit irruption dans ce night club gay, muni d'un fusil semi-automatique AR 15 et des armes de poing. Aussitôt à l'intérieur, Omar Matten commence à tirer sur tout ce qui bouge, tuant une cinquantaine de veilleurs dans cet établissement branché d'Orlando. Non satisfait de l'horreur qu'il a commise, l'assassin a pris en otage d'autres occupants du club pendant trois heures avant que la police ne donne l'assaut à 5h du matin. S'en est suivi un échange nourri de coups de feu entre les éléments du FBI et l'assaillant qui a fini par être mis hors d'état de nuire. Pour la police fédérale américaine, il ne fait pas l'ombre d'un doute que la fusillade d'Orlando est un acte de «terrorisme». Quelques heures seulement après ce drame qui a choqué le monde et rappelé au mauvais souvenir les attentats du 11 Septembre, les médias américains ont donné le ton en tentant de mêler l'Islam à cette tragédie commise par un jeune illuminé. On a ainsi lu et entendu par-ci par-là que le tueur aurait exprimé des «sympathies» pour les djihadistes, selon les conclusions du FBI. Un musulman à la gâchette Les médias US se sont fait forts de préciser le nom «arabe» et musulman du tueur, quelques minutes seulement après l'attaque. Il y a clairement une volonté de diriger et orienter les soupçons non pas vers cette personne mais toute la communauté musulmane des Etats-Unis. On n'est pas loin de la chasse au musulman déclenchée après les attentats du 11 Septembre. Le responsable de la communauté musulmane de Floride a dû intervenir aux côtés du patron local du FBI pour expliquer que l'Islam n'a rien à voir avec la tuerie et que les musulmans américains «sont chez eux». Pas sûr cependant que ces mots pleins de tolérance puissent changer quoi que ce soit aux clichés si prégnants ici dans les médias américains qui diffusent et relayent suffisamment de haine et de préjugés contre l'Islam et les musulmans. Les premières analyses des médias sont terriblement orientées. Grosso modo, l'origine afghane et musulmane du tueur saute aux yeux. Certains ont même tenté, par des contorsions, d'expliquer que cet acte criminel est dirigé contre la communauté «gay», et que le jeune Omar Matten voulait faire la guerre «contre une Amérique perverse» qui serait «l'antithèse du texte coranique». Depuis hier, ce genre de littérature coule à profusion sur les gazettes et dans les talk-shows télévisés.
Permis de tuer... Et cette fusillade ne pouvait tomber mieux (ou pire, c'est selon) en pleine campagne présidentielle où les deux principaux acteurs, Hillary Clinton et Donald Trump, rivalisent sur le thème de la sécurité et de l'immigration. Le candidat des républicains ne se fera pas prier pour exploiter cet attentat commis par un musulman dans sa rhétorique islamophobe. C'est un véritable cadeau tombé du ciel pour Trump qui ne désespère pas de pouvoir gagner le soutien des évangélistes pour qui les musulmans sont «congénitalement contre les chrétiens» (Born against Christian) On est en revanche sûr qu'on ne posera pas la question sur le phénomène du port d'armes aux Etats-Unis puisque n'importe qui peut s'acheter une arme à feu. Le puissant lobby des armes à feu, la fameuse «National Riffle Association» (NRA) veille à la libre circulation des armes… et de la mort comme à Orlando. Les partisans de ce lobby adorent vanter l'image du «good guy wih a gun» (le chic type avec un flingue) si cher à la NRA. Il est donc tellement facile de se braquer sur l'Islam et les musulmans pour expliquer l'ampleur des fusillades aux Etats-Unis quand on peut s'offrir un pistolet semi-automatique, un revolver, voire une kalachnikov dans les soldes chez Wal-Mart. Texas (Etats-Unis) Correspondance particulière Nooria H. et Hassan M.