C'est un Bedoui très remonté qui s'est présenté hier devant les walis de l'Ouest, réunis à Oran, pour trouver les moyens alternatifs de financement de l'investissement local. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales n'a pas été tendre avec les représentants de l'Etat au niveau local, et dont certains sont accusés d'avoir pris, parfois, des décisions «contraires aux orientations». Lors de cette réunion, Noureddine Bedoui a expliqué tout son «mécontentement» quant au rendement de certains parmi eux. Des rapports qui parviennent à son département, a-t-il lancé, à l'adresse de ses vis-à-vis, ne sont pas encourageants. «Malgré les instructions de rationalisation des dépenses, nous avons constaté la persistance d'une tendance dépensière», a déclaré Bedoui, révélant que des rapports sur le rendement de certains walis de la République ne sont pas encourageants. Ce premier regroupement qui se tient en prévision de la rencontre annuelle gouvernement-walis, a vu la participation des secrétaires généraux et cadres centraux de plusieurs ministères, en plus des chefs de l'Exécutif de 13 wilayas de l'ouest du pays. Pourtant, les critiques de Bedoui et le contexte dans lesquelles elles interviennent poussent à s'interroger s'il n'y a pas derrière cette «douche froide» une intention de mettre fin à la mission de certains walis défaillants. En effet, il faut rappeler que le mouvement dans ce corps a toujours précédé ou été précédé par un remaniement ministériel. Maintenant que le chef de l'Etat a procédé à un lifting dans l'Exécutif conduit par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, il est fort à parier que le tour viendra des walis. Histoire d'accompagner les nouveaux changements au niveau central par d'autres au niveau local. Après le nouveau modèle économique adopté à l'issue de la tripartite, le nouveau gouvernement et la nouvelle politique que l'on veut insuffler, notamment dans certains secteurs stratégiques, il ne manque sans doute qu'un renouvellement de l'administration locale. L'Etat se désengage Une nécessité qui répond au contexte de crise économique que traverse le pays, et l'urgence de trouver des solutions, ne serait-ce que pour réaliser l'autosuffisance dans certains produits au niveau local ou créer quelques emplois. Sur ce plan d'ailleurs, le ministre de l'Intérieur a annoncé devant les walis le désengagement de l'Etat quant aux versements annuels d'aide destinés aux collectivités. «L'ère des dotations financières centralisées pour faire face aux dépenses de fonctionnement est révolue», a-t-il déclaré, estimant que le rôle des walis est aujourd'hui de «faire des wilayas un soutien essentiel de développement pour l'Etat et non une charge à supporter». Il est même de leur responsabilité «de trouver les ressources financières pour faire face aux dépenses». Dans ce contexte, le ministre a rappelé les dispositions introduites par la Constitution amendée qui «soutient le rôle du wali dans les actions de développement économique local, l'amélioration des ressources financières et la création de la richesse», a-t-il précisé. Une nouvelle vision donc imposée par la politique d'austérité adoptée par le gouvernement. Faut-il comprendre donc que des sanctions vont bientôt tomber ? Quoi qu'il en soit, les charges de Bedoui ne peuvent, en aucun cas, être innocentes. Le nombre croissant de contestations sociales à travers les quatre coins du pays montre si besoin est que les agents de l'Etat au niveau local ne répondent pas aux exigences d'une vie digne que réclament les populations, encore moins aux besoins de l'économie.