La réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la tête de l'Etat continue d'alimenter la controverse aussi bien dans les rues des principales villes iraniennes qu'au sein des chancelleries des pays occidentaux lesquels ont toujours manifesté à son égard une forte opposition, diluée dans une approche diplomatique de circonstance. Le conservatisme du Président iranien, sa gestion du dossier nucléaire et ses positions tranchées à l'égard d'Israël notamment, continuent d'alimenter le courant qui active pour la destitution de ce dernier et son remplacement par un dirigeant qualifié de «modéré». De fait, la tension persistante qui caractérise actuellement l'Iran est suivie avec une attention toute particulière par les différentes parties. Une attention d'autant plus forte compte tenu des appels à l'annulation des résultats de la consultation électorale du 12 juin dernier, de la multiplication des manifestations de rues, de l'intervention des forces de police et des premières victimes (sept personnes décédées lors d'une fusillade) enregistrées jusque-là. La remise en cause du pouvoir en place répercutée par les clameurs provenant des manifestants qui «veulent en finir avec le régime en place» découle de la fraude électorale, réelle ou supposée, qui aurait entachée les résultats de la présidentielle sanctionnés par la victoire de Ahmadinejad et la lourde défaite de son principal adversaire, le réformateur Hossein Moussavi. Si le clan pro-Ahmadinejad a célébré avec «éclat» la victoire de son candidat, les supporters de Moussavi multiplient depuis plusieurs jours la démonstration de leur rejet de cette sentence électorale. Appelant à la démission du gouvernement et à l'organisation de nouvelles élections, ils étaient des milliers à dénoncer les résultats officiels et à résister aux charges des forces de police qui ont tenté en vain de les disperser. Les autorités iraniennes ont, de plus, exacerbé la situation en décidant de bloquer les moyens de communication (portables, Internet…) dans une tentative d'isoler les manifestants et de les empêcher de prendre connaissance des derniers développements sur le terrain. De nouveaux regroupements sont cependant programmés par chaque camp pour investir la rue et tenter d'exprimer la position des uns et des autres face à cette crise. Moussavi a toutefois appelé ses partisans à ne pas y prendre part. Il est à craindre que des «confrontations planifiées» puissent avoir lieu, a-t-il estimé, soutenant l'idée d'une marche «calme et pacifique» loin des sympathisants de Ahmadinejad pour éviter toute forme de dérapage. Compte tenu des particularités du mode de gouvernance en Iran, le conseil de coordination de la propagande islamique placé sous l'autorité du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a pris acte du déroulement de l'élection présidentielle et appelé la population à saluer les résultats enregistrés, sous forme d'une «grandiose manifestation» destinée à exprimer l'opposition des Iraniens «aux troubles» qui se déroulent dans le pays depuis quatre jours. Dans l'intervalle, le conseil des Gardiens de la Constitution iranienne a fait savoir qu'il était disposé à procéder à un recomptage partiel dans certains bureaux de vote où les bulletins de vote ont fait l'objet de contestation. Une décision qui se situe aux antipodes des exigences de Moussavi et de ses sympathisants qui continuent à réclamer l'annulation totale du scrutin.