L'ancien ministre de la Défense nationale, le général à la retraite, Khaled Nezzar, exprime sa colère quant au projet de loi qui vise à soumettre les militaires à la retraite au silence, avertissant qu'il s'agit d'un projet qui menace la cohésion nationale. «Le projet de loi portant devoir de réserve qui est soumis aux députés est porteur d'une grave dérive liberticide. Il constitue, dans son esprit même, une menace contre la liberté d'expression et une atteinte aux valeurs démocratiques que défendent nos élus», a-t-il déclaré dans une interview au site Algériepatriotique. Il estime qu'il était incompréhensible que quelques mois après l'adoption de la Constitution, alors que plusieurs textes d'application urgents en attente à l'Assemblée sont différés sine die, on se précipite ainsi et on donne la priorité au projet de loi qui vise à interdire la parole aux militaires. «Cela dénote l'inconsistance de nos autorités. Cela provient de leur peur peut-être, mais sûrement du manque de confiance dans cette frange de la société», a-t-il soutenu, qualifiant ce projet d'«infamie» et de «démarche anticonstitutionnelle et antidémocratique». Nezzar explique que les militaires, conscients de leur responsabilité vis-à-vis de la nation et du respect dû à la noble Armée nationale populaire, «ne porteraient jamais atteinte ni à leur cohésion ni à leur unité». Pour lui, ce projet revient à priver une frange de la société algérienne de son droit de s'exprimer et de participer au débat national sur les questions qui engagent l'avenir de la nation. Cela avant d'appeler les députés à rejeter le projet de loi. «Il serait dès lors malheureux et triste pour la République que les députés cautionnent ce texte qui, si par malheur il était voté, ferait des honorables élus du peuple qu'ils sont les garants d'une action machiavélique qui ne vise nullement à sauvegarder les intérêts de la nation, mais à satisfaire les ambitions politiciennes démesurées et égoïstes de ses initiateurs», a-t-il dit. Le général à la retraite demande aux députés à ne pas compromettre l'avenir de la démocratie «en adoptant un texte discriminatoire et exclusif qui menace la cohésion nationale».