Comme à l'accoutumée, les innombrables chaînes de télévision publiques et privées ont concocté des programmes adéquats pour ce mois de ramadhan avec des feuilletons, des caméras cachées, des sketches, des concerts musicaux et des émissions religieuses. Dans le registre des séries et sitcoms, malgré de nouvelles têtes (ce qui est une bonne initiative pour une relève), il y a un manque de scénarii solides et soutenus. Il n'y a pas réellement d'histoires intéressantes, de suspense, de rebondissements ou de bons dialogues. Ces derniers sont d'une grande indigence. En matière de décor, on constate une belle embellie ainsi qu'en matière d'habillement des comédiens. Mais la structure de l'histoire fait grand défaut, ce qui donne un feuilleton bancal et inintéressant. Dans les cœurs sous les cendres, sur A3, l'histoire est banale et certains comédiens n'interprètent pas bien leur rôle, à l'image de Sara Lallama. Elle passe bien à la télévision avec une présence, certes, mais en matière de diction, elle articule mal et on ne comprend pas lorsqu'elle parle, alors que c'est une personne qui a fait du théâtre et qui n'en est pas à sa première audition. D'autres ne campent pas bien leur personnage. Le héros de Imaret Si lakhdar qui revient chaque année, et cette fois dans un autre sitcom, semble s'essouffler et manque de punch. Son humour du début s'est dilué au profit de la grosse farce. Un tantinet macho et rétrograde, sa prestation est ennuyeuse et déplaisante. Dans la série des caméras cachées, certaines sont désopilantes. Chez le coiffeur (And el haffaf), la caméra cachée sur la chaîne Ennahar TV est de bon goût avec quelques frayeurs mais pas de panique. La musique du générique est amusante et les paroles drôles sont bien adaptées à la situation. Le taxi chanceux (taxi mazehour) est agréable à voir, d'autant que les candidats ont un bonus s'ils répondent correctement aux questions. L'une des caméras invisibles les plus réussies de cette année est Tahwissa Fi Babour qui passe quotidiennement sur Dzaïr TV. On y voit comment des artistes réagissent devant un candidat à l'émigration clandestine qui tente de plonger ou plutôt se suicider. On y a déjà vu les réactions de Bariza, Nawel Skender et d'autres artistes tombés dans le piège de Djeddou Hassan. Il en est de même pour Ariss wa Aroussa sur Echourouk TV. Divertissante et hilarante, cette caméra cachée rallie les suffrages des téléspectateurs. Elle est conviviale car elle verse plus dans le comique et le burlesque que dans l'effroi et l'affolement. Kifache fi ramadhan sur canal Algérie est aussi bien réussie. Autre caméra cachée sur la chaîne Ennahar avec VIP Rana hkemnek semble rallier les suffrages au regard de la mise à nu des personnalités politiques. Le journaliste, sans se départir de son calme, déballe des accusations à tort sur ces députés, ministres ou autres dont certains s'offusquent, d'autres s'énervent et invectivent, dévoilant leur faiblesse et leur impatience. Sitcoms ratées Par contre, les autres sitcoms et sketches, notamment Ils nous ont fait, kolchi adi, toutes deux sur canal Algérie, Zohra Mazhoura, Sebha fi dar sont débiles et on se demande pourquoi tant de gâchis de pellicules et d'argent à l'heure de l'austérité. Les décors sont agréables et conviviaux mais le récit reste imparfait et les dialogues approximatifs, à la limite de la balourdise et de la fadaise. Le seul sketch sur Canal Algérie bien structuré et plaisant, c'est celui de Marouane et Souhila avec Bibiche et bibicha. L'histoire d'un jeune couple avec ses hauts et ses bas qui évolue dans un quotidien souvent morose. Souhila joue à merveille, bien dans la peau de son personnage, alors que Marouane Guerrouabi a encore un peu de mal à s'y intégrer. Le sketch Bodo est plus agréable avec le bon sens paysan et avec les manières rustres. Avec les concerts et les émissions musicales, l'atmosphère du ramadhan s'installe en soirée en appréciant la bonne musique ainsi que certains chanteurs. Pour les émissions religieuses, il est évident que les prêches sont indispensables en ce mois de foi et de piété où la tolérance, le pardon, l'entraide et la solidarité ne sont pas de vains mots. Indéniablement, il est urgent d'avoir de bons scénaristes pour avoir une assise structurée d'un film ou d'une série. C'est d'ailleurs ce qui manque à notre cinéma national qui a eu à ses prémices de grands trophées à Cannes et dans d'autres festivals comme la Berlinale, la Mostra et le Fespaco. Il est évident qu'au regard de la multiplicité des chaînes de télévision et de leurs diversités, les programmes du ramadhan sont encore moyens malgré les efforts consentis par certaines chaînes. Espérons que le ramadhan prochain, les sitcoms et les feuilletons seront moins insipides et rébarbatifs que ceux de ce mois de carême.