Après les menaces, la compagnie nationale est passée à l'acte en procédant à des coupures de courant pour les mauvais payeurs. Dans plusieurs quartiers d'Alger et dans d'autres wilayas de l'ouest du pays, la Sonelgaz a utilisé la manière forte pour recouvrer les créances impayées par ses clients, notamment les administrations et les entreprises publiques. Contactés hier par nos soins pour connaître l'étendue de cette opération, le service de communication du groupe et celui de la Société de distribution d'Alger (SDA) n'ont pas trop voulu se prononcer sur ce sujet «sensible». «Il est vrai que des coupures sont opérées ici et là, mais si nous menons ce genre d'opérations, notre objectif n'est pas de pénaliser nos clients, mais de leur faire rappeler que l'électricité est un service qui n'est pas gratuit», a toutefois lâché un responsable de Sonelgaz qui a préféré garder l'anonymat. En réalité, les dirigeants de la compagnie nationale ont à maintes reprises expliqué que les plus gros mauvais payeurs ne sont pas les clients résidentiels, mais plutôt les administrations et entreprises publiques qui accumulent les factures. Pour les faire payer, Sonelgaz a d'ailleurs mis en place un calendrier pour recouvrer ses créances impayées qui se chiffrent par milliards de dinars. Un problème sérieux qui vient s'ajouter à celui du piratage et du prix du kilowattheure, dont les dirigeants de la compagnie, à commencer par l'actuel ministre de l'Energie qui appelait à revoir les tarifs à la hausse du temps où il était à la tête de Sonelgaz. Une semaine avant sa désignation comme premier responsable du secteur de l'Energie, Bouterfa avait déclaré sur les ondes de la Radio nationale que les contraintes rencontrées par son groupe en matière de recouvrement des créances et des taux de pertes avoisinaient les 39 milliards DA. Ce jour-là, l'ex-PDG avait révélé la détermination du groupe à «mener une guerre sans merci» contre les fraudeurs. Gros investissements attendent financements Sur ce sujet, il avait prévenu que «des plaintes seront désormais systématiquement déposées devant les juridictions compétentes pour une application ferme des dispositions de la loi et une application stricte des délais de coupures pour les mauvais payeurs sera mise en œuvre». En déclarant la guerre aux mauvais payeurs et aux fraudeurs, Sonelgaz compte combler son déficit et mener à bien ses programmes d'investissements, maintenant que les aides de l'Etat viennent à manquer avec la chute des prix des hydrocarbures. Ainsi, pour répondre à la consommation électrique sans cesse croissante, Sonelgaz doit lancer son plan de développement qui inclut les énergies renouvelables. Pour y répondre, il sera nécessaire d'investir plus de 4518 milliards de dinars d'ici 2026 dont près de 2700 milliards d'ici 2020. Plus de 37% financeront le développement des réseaux de transport de l'électricité pour réaliser 35 000 km de lignes haute tension dont 12 000 km en 400 kV. Plus de 29% de ce montant servira à renforcer les réseaux de distribution par l'extension de 186 000 km de lignes MT/BT et 86 000 km de conduites de gaz. Sans une rigueur budgétaire, Sonelgaz n'aura d'autre choix que de recourir à l'endettement extérieur pour maintenir ses investissements. Mais à ce moment-là, les créanciers ne vont certainement pas accepter que l'emprunteur verse dans le social.