Près d'un million d'hectares semés en céréales pour la campagne 2016 ont été perdus suite au déficit hydrique enregistré durant l'hiver dernier, a appris l'APS auprès du directeur général de l'Institut technique des grandes cultures, Omar Zaghouane. En outre, des gelées (au-dessous de 0°) observées début mai à Tiaret, Tissemsilt et Chlef ont accru les superficies sinistrées puisque «les plantes ont été complètement éclatées», fait-il savoir. En conséquence, le volume de la récolte céréalière, dont la campagne de moissons se terminera à la fin août prochain, ne sera pas très différent de celui de l'année 2015 qui avait enregistré une production de 40 millions de quintaux. La sécheresse qui a sévi ces trois dernières années s'est répercutée négativement sur la récolte céréalière du fait de sa forte dépendance des pluies. Néanmoins, les pluies tombées en février dernier ont permis aux cultures de reprendre et de sauver quelque peu la campagne : «Les agriculteurs ont continué à y croire dont certains avaient même semé une deuxième fois en janvier après l'ensemencement de novembre.» Pays aride et semi-aride, l'Algérie devient de plus en plus sensible au stress hydrique. «La seule solution est d'apporter une irrigation d'appoint ou de complément», insiste Zaghouane. Or, le programme d'équipement des parcelles en système économiseur d'eau n'a pas donné les résultats escomptés malgré le soutien accordé par le gouvernement à l'acquisition de ce genre d'équipements. La superficie équipée en système d'irrigation d'appoint est estimée actuellement à 240 000 ha environ alors que l'objectif est d'arriver à 600 000 ha dans la filière céréales sur les trois prochaines années. M. Zeghouane attribue cette situation à plusieurs facteurs dont celui du coût d'investissement trop élevé pour les agriculteurs : «90% des exploitations ont moins de 10 ha, cela veut dire que ces agriculteurs n'ont pas les moyens d'investir dans ce créneau.» Il cite aussi le rôle des banques qui demeurent réticentes au financement du secteur agricole du fait des risques qui le caractérisent. Afin d'augmenter la superficie céréalière irriguée, il préconise que les transformateurs (minotiers et semouliers) doivent s'investir dans l'accompagnement des agriculteurs dans l'acquisition des équipements d'irrigation. Actuellement, les industriels de la filière céréales se limitent dans l'investissement dans les intrants (engrais, produits phytosanitaires). Au sud du pays, la campagne céréalière 2015-2016 s'est achevée début juin avec une récolte meilleure que la précédente mais qui demeure en deçà des attentes. Le DG de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), Mohamed Belabdi, a précisé à ce sujet que «des pics de rendement allant de 70 à 75 quintaux/hectare ont été enregistrés». Mais en moyenne, le rendement par hectare est de 45 quintaux dans le Sud.