L'activité du concessionnaire automobile en Algérie prend un virage décisif et les concessionnaires devront, chacun à sa vitesse de croisière, négocier la tenue de route qu'il lui sied pour subsister. Ces derniers ne cessent de recevoir des mises en garde de la part du gouvernement pour s'engager dans l'industrie automobile sous peine de se voir retirer leur agrément. Après l'avertissement du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le 23 juin à Tiaret, c'est au tour du ministre de l'industrie, Abdessalem Bouchouareb, de rappeler aux concessionnaires l'obligation d'investir dans la fabrication ou la sous-traitance automobile, comme le stipule la loi de finances 2014. En effet, une note leur a été adressée le 29 juin où le ministre a exprimé sa ferme intention de retirer, à partir de janvier prochain, l'agrément aux concessionnaires de véhicules neufs qui n'ont pas investi dans une activité industrielle automobile. «Cet investissement doit être réalisé dans un délai maximum de trois ans, et ce à compter du 1er janvier 2014 pour les concessionnaires qui sont en activité. Pour les autres concessionnaires, l'investissement doit être réalisé dans un délai de trois ans à compter de la date d'octroi de l'agrément définitif». Il poursuit en précisant que «le défaut d'entrée en production à l'expiration des délais suscités, entraîne le retrait d'agrément». Et comme l'Algérie ne peut pas accueillir 40 usines de montage de voitures, Abdessalem Bouchouareb encourage implicitement les 40 concessionnaires agréés à investir dans la sous-traitance automobile pour bénéficier de licences d'importation. «Par ailleurs, et eu égard aux potentialités que recèle le domaine de la sous-traitance automobile devant contribuer au développement de l'intégration et de la remontée de la chaîne des valeurs de la filière automobile, je vous invite à examiner les possibilités de développer des activités autour de ce domaine», écrit le ministre de l'Industrie en soulignant qu'une telle orientation est «d'autant plus avantageuse que les potentialités identifiées sont très importantes avec l'installation de grands donneurs d'ordre dans la filière de l'industrie automobile». Les majors déjà prêts Interrogé à ce sujet, l'ex-PDG de la SNVI, Mokhtar Chahboub, estime qu'il est grand temps pour les concessionnaires de passer à l'acte. «Un concessionnaire automobile qui a un bon réseau de clientèle et qui représente une marque crédible a les moyens d'investir dans l'industrie. Ne serait-ce que dans le montage des petites pièces à l'instar des câbles et des essuies-glace», a-t-il dit. Notre interlocuteur cite comme exemple le système dit SDK (Semi Knocked Down). Une technique qui consiste pour une entreprise à exporter des produits assemblés partiellement soit à ses licenciés-partenaires, soit à ses filiales industrielles et ce, en opposition à CDK (Completely Knocked Down), qui est une technique qui consiste à exporter des produits non assemblés. «Les concessionnaire peuvent faire du simple montage sans intégrer le moindre boulon dans les voiture et sans se conformer a un nouveau cahier des charges», a expliqué M. Chahboub. A la question quel serait l'impact sur le marché automobile dans le cas ou l'agrément sera retiré aux concessionnaires qui n'investissent pas dans l'industrie automobile ? Notre interlocuteur répond : «aucun, puisque les principaux concessionnaires automobiles ont adhéré aux nouvelles orientations du gouvernement. Ils ont tous un projet d'investissement dans l'industrie automobile. Pour le moment, l'Algérie a accordé des autorisations d'implantation d'usines de montage de véhicules pour Renault qui est déjà en production, et Hyundai via son partenaire local Tahkout. Le projet d'installation d'une usine de montage de véhicules du groupe Volkswagen devrait être également concrétisé, les discussions entre le géant allemand et le gouvernement avancent bien. Le projet d'une usine Peugeot, qui devait être concrétisé début avril dernier, semble toutefois bloqué.