Le président de la Chambre de commerce et d'industrie (Caci), Mohamed Laïd Benamor, est partagé hier entre l'optimisme et la crainte d'une crise plus prononcée en 2016. Invité par le forum du quotidien El Moudjahid, Benamor dira préférer «s'investir dans l'action et croire aux efforts entrepris et qui donneront progressivement tort aux analyses et les projections les plus pessimistes des institutions internationales comme le FMI et la Banque mondiale». Mais, il avertira que «la croissance hors hydrocarbures montrerait des signes de faiblesses en 2016». Le président de la Caci appuiera ses propos en expliquant que «les secteurs manufacturiers et la filière des matériaux de construction, qui ont déjà observé un ralentissement en 2015, pourraient voir leur activité davantage décélérer en 2016». Il admettra aussi la persistance de la dépendance aux hydrocarbures et le problème de l'utilisation de la rente. Le secteur de l'énergie représente, en effet, 30% du PIB. Les comptes extérieurs continuent de souffrir de la baisse des recettes d'exportations en 2016 tandis que le déficit du compte courant devrait toutefois se résorber quelque peu suite à une baisse des importations. Celle-ci est imputable au «ralentissement de l'activité et à l'entrée en vigueur de la loi sur les licences d'importation à partir de janvier 2016», en visant notamment les importations de véhicules neufs. Il annonce, à cet égard, que d'autres «mesures protectionnistes» ciblant les produits sidérurgiques et informatiques pourraient également être introduites. Pour permettre à l'Algérie de sortir de cette crise, Benamor propose, notamment, d'«alléger les contraintes des milieux économiques par une administration plus efficace à travers la généralisation de l'e-administration et la modernisation du système financier». Sur le plan fiscal, il propose de prévoir des incitations fiscales en passant d'une «fiscalité distributive à une fiscalité incitative». En plus clair, «il faut récompenser l'effort national de production et de création de valeur pour l'économie nationale». Des orientations s'imposent Dans ce sens, les importations des produits finis doivent être plus fiscalisées que les produits semi-finis ou la production locale. Une orientation des aides à la création d'entreprises vers les besoins des domaines d'activités par secteurs géographiques dans les logiques de filières ou de soutien aux filières est également recommandée. Il demande aussi d'«orienter les subventions vers l'amont pour favoriser la production nationale et non exclusivement la consommation, pour améliorer la compétitivité des entreprises». De nouvelles prérogatives dans le domaine du foncier industriel doivent être accordées aux walis afin de pouvoir exproprier les opérateurs qui n'ont pas investi, dans un délai de six mois, sans être astreints aux procédures de justice. Les maires doivent également avoir des prérogatives pour développer l'investissement local. Pour le président de la Caci, le nouveau plan d'émergence repose, notamment, sur la constitution des filières économiques prioritaires, les aménagements fiscaux, la modernisation des institutions et des instruments financiers, la promotion des énergies renouvelables et de la transition énergétique et de la diversification économique. La Chambre a initié un programme intitulé «Global Business Discovery» à travers lequel les opérateurs économiques s'engagent dans des stratégies dignes de pays émergents. Des missions de prospection ont été menées à travers l'Europe de l'Est, l'Europe centrale, l'Afrique, en vue de renforcer les capacités de partenariat et favoriser les investissements étrangers en Algérie. Une mission économique est prévue du 17 au 24 du mois en cours dans trois pays africains dont la Côte d'Ivoire. L'Algérie, fera-t-il savoir, dispose de points forts tels «les importantes réserves de pétrole et de gaz, le potentiel dans les domaines des énergies renouvelables et du tourisme, en dépit de la situation financière extérieure solide (très faible endettement extérieur et importantes réserves de change)».