Le secteur de l'agriculture est, dans une économie globale, indissociable de celui de l'industrie, dans la mesure où une bonne production non valorisée par l'agro-industrie finit dans les poubelles. C'est pour éviter un tel gâchis que le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a affiché beaucoup d'intérêt, non seulement pour la transformation, mais aussi pour la production agricole, dans laquelle il compte investir. Dans cet ordre d'idées, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdeslam Chelghoum, a révélé hier à Alger que «plusieurs demandes d'investissement ont été déposées par des investisseurs privées au niveau du ministère». Ces demandes, ajoute le ministre, sont «étudiées par une commission mise en place spécialement, laquelle donne des réponses dans un délai ne dépassant pas une semaine». Sans avancer de chiffres sur le nombre de demandes déposées, Chelghoum relève tout de même qu'aucun dossier n'a été refusé. «Les fonds privés sont les bienvenus dans l'agriculture. On ne dit jamais non. On demande seulement à l'investisseur qui ne remplit pas les critères requis de porter des corrections à son projet», a encore expliqué le premier responsable du secteur de l'agriculture, en marge d'une présentation-débat de l'étude sur la «Sécurité alimentaire», initiée par le FCE et réalisée par Omar Bessaoud, professeur et chercheur au Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes - Institut agronomique méditerranéen de Montpellier - France (CIHEAM-IAMM). Outre les fonds privés, le ministre a plaidé pour des partenariats public-privé (PPP) en qualifiant de «probants» les partenariats déjà existants, notamment dans les filières blés, lait, pomme de terre, huile d'olive et intrants dans les aliments de bétail. Abordant la taille des exploitations agricoles en Algérie, jugées petites, le ministre a appelé à la «réhabilitation des systèmes de coopératives» qui permettra de «fédérer les agriculteurs en leur procurant le poids nécessaire lorsqu'il s'agit de négocier, notamment, les prix de leurs produits». Présentant les résultats de l'étude qu'il avait menée, le professeur Bessaoud a conclu que l'enjeu majeur de l'Algérie est celui de définir un modèle de croissance agricole sous contraintes (économique et financière à cause de la baisse des recettes budgétaires et des subventions et aides publiques à l'investissement à la ferme), contrainte sociale (emploi à des actifs nombreux entrant dans le marché du travail), contrainte environnementale (rareté des ressources et changement climatique en cours). Pourvoyeur d'emploi Avançant des chiffres sur le secteur agroalimentaire, le conférencier rappelle qu'il est le premier employeur dans l'industrie (40% de l'emploi avec près de 150 000 actifs occupés) et il produit 40 à 45% de la valeur ajoutée industrielle (plus de 300 milliards DA). Ce sont les entreprises des filières céréale, lait, eau et boissons non alcoolisées qui sont les filières clés du paysage des IAA algériennes. Les capacités annuelles de trituration des entreprises de la filière céréalière, forte de plus de 400 unités de production, sont évaluées à 110 millions de quintaux en semoule et farine, représentant plus du double des besoins du marché intérieur. Le réseau de production laitière, composé de plus de 100 unités de production (dont 16 unités relevant du groupe public Giplait qui détient 40% des parts de marché) assure une consommation moyenne nationale de l'ordre de 3,5 milliards de litres par an, dont 2 milliards de litres de lait cru, 500 millions de litres de lait en poudre et 1,2 milliard de litres de lait en sachet. Après la présentation, en novembre 2015, de l'étude sur la «diversification de l'économie nationale», un programme de trois études a été lancé par le FCE pour l'année en cours, avec l'apport des experts nationaux. Elles portent respectivement sur «La sécurité alimentaire», «La transition énergétique» et «L'économie numérique».