Première industrie mondiale représentant à elle seule le quart de l'activité manufacturière et près de 4% du PIB de la planète, les industries agroalimentaires (IAA) emploient plus de 22 millions de personnes de par de monde, selon les estimations du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) en 2004. Sur une production mondiale de 2400 milliards de dollars US, les pays développés représentent à eux seuls plus de 70% du marché et de la production mondiale. La demande en produits alimentaires pourrait doubler d'ici 2015 pour atteindre près de 500 milliards de dollars contre 250 milliards en 2000, selon la même source. Pour les pays MEDA, dont l'Algérie fait partie, la consommation alimentaire est liée en grande partie à l'achat de produits agricoles non transformés. La demande croit plus rapidement que dans les pays développés sous l'effet de la croissance démographique et de la progression des revenus par tête. Avec un marché total de 237,1 millions d'habitants en 2001, les pays MEDA offrent un marché large et en développement rapide. L'Algérie : premier importateur d'Afrique En Algérie, et compte tenue de la typologie du territoire national, qui est en grande partie à vocation agricole, et vu l'importance stratégique de cette branche par rapport à la sécurité alimentaire, le développement des IAA est d'une importance certaine. Le secteur représente 45 % de la valeur ajoutée industrielle du pays. Lors des dernières assises sur l'industrie, il été relevé que les activités de cette branche sont déconnectées de l'amont agricole. Un certain nombre de filières sont en surcapacités, tel le raffinage d'huiles, la transformation des céréales et le sucre (à court terme). L'Algérie est classée comme le plus grand importateur et le plus faible exportateur des pays MEDA. SI l'IAA représente l'un des moteurs de croissance dans le pays, notamment pour les secteurs des céréales, du lait, des conserves, des corps, et des boissons, des études d'experts ont montré que n'ayant pas réussi à assurer son autosuffisance alimentaire et avec une balance commerciale déficitaire dans les IAA, l'Algérie est le premier importateur africain de denrées alimentaires. Quant à la production totale du secteur, elle est modeste : 3 milliards de dollars en 2001 soit à peine 7% de l'ensemble MEDA. L'agriculture qui emploie un quart de la population active a souffert des nationalisations de la période post-indépendance et reste assez dépendante des aléas climatiques, selon le CIHEAM. Les experts nationaux ont de leur part, relevé lors des assises de l'industrie une faible intensité technologique dans les activités agroalimentaires. La branche agroalimentaire est constituée essentiellement par la production et la transformation, en aval, des produits agricoles, notamment le blé, les graines oléagineuses, le lait, le sucre les viandes, les produits de la pêche, en plus de la filière boissons qui est l'un de ses créneaux importants. Les industries agroalimentaires sont généralement représentées par des PME/PMI publiques et privées. La part du privé dans cette branche est passée à 76,2% en 2004 contre 52,5% en 1989, et ce, suite la politique de privatisation engagée par le gouvernement. Des leaders dans différentes filières ont vu le jour tel le groupe Cevital, SIM, Blanky, Ifri, etc. La tendance est en croissance continue. Si le secteur industriel a généré en 2006 une valeur ajoutée de 416 milliards de DA, 187 milliards de DA sont issus de la branche agroalimentaire, soit 2,8% du produit intérieur brut, selon des données du ministère de l'industrie. Dans un entretien à la revue RIA (revue de l'industrie agroalimentaire éditions hors série mars 2007), le ministre de l'industrie Mahmoud Khedri a estimé que cette branche d'activité est porteuse de croissance et de développement industriel. Citant une étude faite par son département, il a indiqué que dans les dix prochaines années, des investissements nouveaux dans l'agroalimentaire seront de l'ordre de 272 milliard de DA, " en vue de développer et accroître ses activités afin de mieux répondre au marché local, réduire les importations et pénétrer les marchés extérieurs ". Dans les Corps gras, il y a surcapacité de production, pour une demande de 440 000 tonnes par an, et totalement couverte par le secteur privé (Cevital), ainsi que dans la transformation des céréales dont la capacité de production est égale au double de la demande. En matière de sucre, la demande est de 1, 2 millions de tonnes par an, et l'offre de raffinage de sucre est de 780 000 tonnes par an, et qui sera porté à terme à deux millions de tonnes par an, générant ainsi une surcapacité. Concernant le lait, dont la filière est en pleine ébullition ces derniers temps, la demande est de 3,5 milliards de litres par an, dont 43% satisfaits par les importations, alors le producteur public Giplait dispose d'une capacité de traitement de 2,7 milliards de litres par an. Reconquête du marché local et exportation des produits bio Face à une adhésion prochaine de l'Algérie à l'OMC ainsi que son adhésion aux zones de libres échanges avec l'Union européenne et les pays arabes, l'exigence de qualité et de compétitivité est une nécessité absolue. Se plaignant d'une concurrence déloyale que leur livre le marché informel, et les lenteurs bureaucratiques de l'administration, les opérateurs nationaux n'ont cessé ces dernières années de monter au créneau pour appeler à un peu plus de " protectionnisme " face à une déferlante de produits étrangers sur le marché national. Pour le ministre de l'industrie, la stratégie de son département vise deux objectifs, à savoir " la reconquête du marché national et l'exportation les produits algériens, notamment les produits bio, privilégiés et à forte demande sur l'ensemble des marchés extérieurs ". Pour lui, les opérateurs ont pris conscience de ces enjeux à travers la prise en charge, dans les process industriels, des aspects de qualité et du respect des normes exigées pour une meilleure compétitivité et un repositionnement sur les marchés extérieurs. Des opérateurs nationaux qui se sont mis à améliorer la qualité et l'emballage de leurs produits, notamment à la faveur de partenariat concrétisés avec des entreprises étrangères disposant de meilleures technologies et de savoir faire. Des actions d'amélioration de la qualité et de l'emballage ainsi que du management et du marketing des entreprises a fait l'objet d'un accompagnement de la part du ministère de l'industrie, et ce par la mise en place et l'exécution de programmes destinés à la promotion de la compétitivité des entreprises, visant la mise à niveau et l'obtention des certifications Iso. Dans la branche agroalimentaire, le respect des normes et des règles techniques applicables en la matière, nécessitent un passage aux normes HACCP et Iso 22000. Selon des données du ministère de l'industrie, et depuis 2001, 21 entreprises agroalimentaires dont 15 privées et 6 relevant du secteur public ont étés certifiées Iso 9001. Quatre entreprises agroalimentaires viennent de terminer le processus HACCP. Elles sont accompagnées par l'Institut supérieur agroalimentaire de Paris, dans le cadre d'un projet exécuté par l'organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) avec un financement du gouvernement français. D'autres part, dix entreprises agroalimentaires sont éligibles à la procédure de certification Iso 22000 exécuté par l'Onudi avec un financement du gouvernement italien. Selon les chiffres de Belkacem Berrabah, directeur général Afnaq-Afnor International Algérie, plus de 250 entreprises sont certifiées Iso, tous domaines confondus, public et privés réunis. Un engouement, selon lui, qui a atteint le secteur privé dès 2002 et commence à inclure la certification 18001 (santé et sécurité des salariés). Dans le secteur agroalimentaire, la majorité des entreprises sont certifiées, ou en cours de le devenir notamment dans les domaines de la production laitière et dérivés, (lait, yaourt, fromage…), de la minoterie, des eaux minérales et boissons et de la biscuiterie. " Si les éléments HACCP sont toujours intégrés dans les systèmes de management de la qualité en Algérie, la nécessité de passer à la certification Iso 22000 est réelle. A ce jour, seules deux entreprises ont lancé cette initiative, les autres sont en position d'attente. Les hésitants invoquent des raisons liées à l'environnement économique, et notamment les difficultés en matière de traçabilité des produits en fonction des sources d'approvisionnement presque non maîtrisable encore " a t-il révélé à la revue RIA. Enfin, et si le gouvernement attend davantage d'investisseurs étrangers dans des activités essentielles telles que la trituration des graines oléagineuses, le raffinage de sucre, la levure, les centres de collectes de lait cru, le développement des produits de substitution aux importations comme les pâtes alimentaires, les biscuits, les confiseries ainsi que le développement des infrastructures de stockage sous froid, selon les propos de Mahmoud Khedri, les assises nationales de l'industrie ont recommandé l'élaboration de politique publiques prenant en compte les différents aspects de la filière. Il a été ainsi recommandé entre autres la poursuite de la réflexion et la concertation avec les professionnels ; augmenter les moyens affectés à la recherche et développement, créer des labels algériens et assurer un contrôle strict du respect des normes sur la production et importations ainsi que procéder à une revue approfondie des dispositifs fiscaux et douaniers, filière par filière. D'autre part, il a été recommandé d'améliorer les procédés de régulation du marché ainsi que les relations avec l'amont agricole.