La filière lait, en Algérie, est dépendante de l'importation de la poudre de lait. L'offre est estimée à 2,3 milliards de litres annuellement, alors que la demande est plus importante, elle est de l'ordre de 3 milliards de litres par an. C'est du moins ce qui ressort de l'ouverture, hier, de la première édition du Salon international du lait et dérivés (Silait) qui s'étalera sur trois jours au niveau du siège de la Chambre nationale de l'agriculture au Palais des expositions. Cependant, la tenue de ce salon en Algérie n'est pas fortuite. La consommation par habitant est de 110 litres/an et la consommation nationale s'élève à plus de 3 milliards de litres. Cependant, la collecte de lait cru reste relativement faible, ce qui contraint le pays à recourir à l'importation de la poudre de lait en grandes quantités, et dont le prix ne cesse d'augmenter. Développer la production de lait cru devient donc une nécessité impérieuse, selon le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, M. Abdesselam Chelghoum, qui soutient que "la réduction de la dépendance en matière de poudre de lait réduira forcément la facture de l'importation de ce produit" et d'expliquer encore que "le développement de la filière lait permettra de substituer à la poudre de lait la production national de lait cru". Cela dit, la substitution du lait cru à la poudre de lait demeure très insuffisante. Pourtant, les potentialités existent, plusieurs facteurs expliquent ce paradoxe, à savoir l'insuffisance des structures de collecte, le coût élevé de la collecte découlant de la dispersion et l'insuffisance liée au management de la filière. De son côté, le directeur général de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), M. Mohamed Tahar Benyoucef, a expliqué, en marge de la tenue du salon, que "la production nationale du lait nécessite une étude approfondie, il faudrait revoir la démarche de subvention". En effet, cette étude est déjà entamée, selon ce responsable et sera remise à la tutelle. Pour lui, "la production de lait est suffisante, le problème se pose au niveau de la distribution qu'il faudrait revoir" Dans une allocution prononcée à l'occasion de l'ouverture du salon, le président de la Chambre nationale de l'agriculture (CNA) M. Ould Hocine Mohamed Cherif, a noté que "la facture des importations de la poudre de lait a atteint 1,4 milliard de dollars à la fin de 2007". "Cette somme exorbitante, qui dénote la forte dépendance de l'Algérie du marché mondial, incite les pouvoirs publics à redynamiser l'industrie du lait", a-t-il déclaré en assurant que la problématique de la production du lait sera traitée de façon approfondie au cours des journées d'étude prévues en marge du Salon du lait. Il a cependant précisé que "le gouvernement aura à débourser 20 milliards DA en 2008, pour la disponibilité du lait sur le marché" M. Chalghoum a souligné, en outre, que "le déficit en matière de lait est de l'ordre de 800 à 900 millions de litres" et a affirmé que "la filière souffre de quelques dysfonctionnements liés à la collecte de la production", cela pose énormément de problèmes d'après lui, pour les transformateurs de lait. "La collecte ne dépasse pas les 300 millions de litres, une quantité importante de lait échappe au marché" a-t-il dit. Le président de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), M. Mohamed Alioui, a quant à lui, regretté le fait que "la filière lait a connu une amélioration dans la production et non pas dans l'organisation". Il recommande ainsi à ce que "les usines de production de lait travaillent en étroite coopération avec les agriculteurs, pour développer la production et passer à un stade supérieur, à savoir l'exportation" Le Silait, regroupe pas moins de 40 exposants, dont une dizaine d'étrangers. Le Silait représente une opportunité non seulement pour les professionnels locaux pour la mise en place d'une stratégie efficace, mais aussi pour les professionnels étrangers qui veulent investir dans un créneau à forte valeur ajoutée. Pour cette première édition, l'accent est mis sur le segment production avec un intérêt particulier pour la production fourragère et l'amélioration génétique.