La décision de sabrer les dépenses de fonctionnement prise récemment par le département de Azzedine Mihoubi suscite de vives inquiétudes dans les rangs des travailleurs du Théâtre régional de Béjaïa (TRB). Ils redoutent une compression des effectifs qui touchera l'ensemble des travailleurs, particulièrement ceux exerçant sous contrat à durée déterminée. Dans une correspondance, dont Le Temps d'Algérie a obtenu une copie, le secrétaire général du ministère de la Culture a tenu, en effet, à faire part au directeur du TRB du plafonnement des dépenses de fonctionnement, au titre des contributions de l'Etat pour l'exercice budgétaire 2016. Cette réduction a vu le budget de fonctionnement du théâtre passer de 72 000 000 DA à 36 525 000 DA. Soit un taux équivalent à 50% par rapport à la dotation accordée initialement au titre de l'exercice 2016, précise le responsable du ministère de la Culture qui justifie cette coupe par «la rationalisation des dépenses publiques et la préservation des équilibres budgétaires du pays». La cellule syndicale du TRB, affiliée à l'UGTA, s'est montrée très inquiète par cette nouvelle situation, car «le régime budgétaire draconien auquel est soumis le TRB ne peut être mis en application que si l'on opère des licenciements qui vont toucher beaucoup de travailleurs», explique Fayçal Hammache, chargé des conflits de la structure syndicale. En effet, le TRB, qui affiche une masse salariale de 48 000 000 DA pour 61 travailleurs, est contraint de fonctionner avec un volume salarial réduit à 36 525 000 DA. Soit un manque à gagner de 12 000 000 DA. Indirectement, le TRB est donc sommé de se séparer d'au moins un quart de ses effectifs. Les travailleurs exerçant sous CDD, au nombre de 25, seront les premiers à faire les frais de ces restrictions. Par ricochet, ce sont les activités du théâtre qui subiront de plein fouet les effets de cette crise qui ne dit pas son nom. Il y aura donc de moins en moins de productions, de représentations et d'adaptations. En un mot, moins d'activités culturelles et artistiques. Une précarité qui va se conjuguer très négativement à l'incertitude dans laquelle est plongé le TRB depuis le départ de Omar Fetmouche, il y a une année. «Rien n'indique que l'on a mesuré les conséquences de ces restrictions sur l'avenir culturel du pays», s'indigne Djamel Abdelli, chef du département artistique du Théâtre régional. C'est pour précisément sauver cet espace d'épanouissement culturel d'un déclin certain que la cellule syndicale en appelle à la révision de ces limitations budgétaires. L'organisation professionnelle du TRB compte, pour ce faire, sur la solidarité des autres structures théâtrales régionales afin de faire admettre au ministre de la Culture la nécessité de revoir sa copie. Notons, enfin, que ces préoccupations ne concernent pas uniquement le TRB mais se rapportent également à l'ensemble des théâtres régionaux du pays dont les représentants syndicaux se regrouperont mercredi au TNA, à Alger, pour décider d'une démarche commune face à cette crise financière, selon Fayçal Hammache.