Il a été officiellement adopté, mardi, en Conseil des ministres, le nouveau modèle économique de croissance basé sur une politique budgétaire rénovée avec l'amélioration de la fiscalité ordinaire et une mobilisation de ressources financières tout en privilégiant l'investissement à forte valeur ajoutée. Ceci dit, cet outil de transition économique ne touchera pas, malgré la crise financière, la politique de justice sociale, selon les orientations du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Initialement présenté lors de la dernière tripartite du 5 juin, le nouveau modèle économique utilisé comme un plan d'urgence par le gouvernement face à la conjoncture économique marquée par la chute des prix du pétrole, «l'Algérie sauvegardera et renforcera la dynamique de croissance qu'elle a développée durant toutes ces dernières années, tout en veillant à préserver et à affiner sa politique de justice sociale», a-t-on précisé dans le communiqué final du Conseil des ministres présidé, mardi, par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Ce nouveau modèle économique s'appuie sur une politique budgétaire qui se présente en une réduction sensible du déficit du Trésor à l'horizon 2019 et sur une mobilisation de ressources additionnelles sur le marché financier local, à l'image de l'emprunt obligataire, lancé en avril dernier «dont les résultats appréciables témoignent de la confiance des participants dans les perspectives prometteuses de l'économie nationale», selon le même document. Par ailleurs, les objectifs de ce nouveau modèle économique consistent à privilégier, pour les investissements publics, ceux destinés aux infrastructures générant un effet d'entraînement sur les capacités productives du pays. C'est aussi un appui aux investissements dans les secteurs à forte valeur ajoutée tels que les énergies renouvelables, l'agro-industrie, les services, l'économie numérique et celle du savoir, l'industrie en aval des hydrocarbures et les mines. Nouvelles prérogatives accordées aux PME Pour une transition économique réussie, pour une diversification de la production nationale et une adaptation formelle à la situation actuelle qui nécessite des mesures urgentes pour ne plus dépendre des hydrocarbures, le gouvernement a misé sur différents outils de développement dont les PME. Ainsi, le Conseil des ministres a adopté un avant-projet de loi qui devrait apporter un soutien modulé aux PME, notamment dans les filières prioritaires, ainsi que d'un appui aux investissements dans les domaines de la recherche, de l'innovation et de la sous-traitance. Cet avant-projet de loi d'orientation sur le développement des PME encourage également l'émergence d'associations et de groupements professionnels des PME, ce qui favorisera le développement des synergies de filières. L'avant-projet, selon le communiqué publié au terme du Conseil des ministres, propose aussi un dispositif public rénové pour le suivi et l'encouragement des PME, à travers l'Agence nationale de développement de la PME (Andpme) et ses démembrements locaux. Cette mise à jour législative «reflète l'importance grandissante des PME pour réaliser, dans notre pays, la croissance, la création d'emplois et la diversification de l'économie nationale», a-t-on précisé dans le même document. Ce projet de texte, deuxième grand dossier législatif après celui du code des investissements adopté récemment par le Parlement, vient modifier et compléter la loi de 2001. L'élaboration de cette nouvelle loi intervient après les résultats mitigés de l'opération de mise à niveau des PME, lancée effectivement en 2012 mais qui n'a pas atteint tous ses objectifs. Dotée d'une enveloppe financière de près 386 milliards de dinars, l'action de mise à niveau visait 20 000 PME jusqu'à fin 2014. Cependant, seulement 5 000 PME avaient adhéré à ce programme, soit 25% du programme, selon les chiffres de l'Andpme. Dans ce cadre, le nouveau texte prévoit une réforme du dispositif de soutien des PME sur les plans législatif et institutionnel ainsi que des institutions qui auront à mettre en place ce dispositif. A travers la nouvelle loi, chaque entreprise sera soutenue selon ses propres besoins au lieu d'une démarche standard, et ce, pour prendre en charge les besoins différents et spécifiques de chaque entreprise. Elle prévoit, entre autres, la création d'un fonds d'amorçage destiné à accompagner financièrement les jeunes entreprises dans leurs premiers pas. Il s'agit aussi de protéger les PME et de réduire leur taux de mortalité estimé actuellement à 8%.