La décision des pouvoirs publics d'interdire la concession des plages aux privés durant cette saison estivale a suscité l'ire des estivants mais aussi des élus locaux et des professionnels du tourisme dans la wilaya de Tizi Ouzou, à l'instar d'ailleurs des autres régions côtières du pays. «Il y a maldonne dans cette histoire de concession de plages aux privés car les pouvoirs publics, à travers le ministère de l'Intérieur, devraient distinguer entre l'accès libre aux plages et la concession des plages», nous confie un cadre du tourisme dans la wilaya, sous couvert de l'anonymat. Il estime que cette décision du ministre de l'Intérieur d'interdire la concession des plages aux privés a généré l'effet inverse. «C'est une prime à l'anarchie», s'offusque notre interlocuteur. Il ne saisit pas le but de cette décision qu'il qualifie d'irréfléchie, au moment où le gouvernement appelle de tous ses vœux les collectivités locales, donc les APC qui sont propriétaires de ces plages, à trouver des sources de financement en dehors des subventions. En effet, avec l'interdiction de concéder les plages aux privés, les APC se retrouvent face à un manque à gagner de plusieurs millions de dinars, selon les estimations des élus. A titre d'exemple, avant l'interdiction de la concession des plages aux privés, l'APC de Tigzirt voyait ses caisses renflouées de près de 2 millions de dinars pour la courte période estivale, se désole un élu de voir non seulement cette somme partir en fumée mais surtout, tant d'anarchie régner sur les paisibles plages de Tigzirt. «Nous sommes doublement pénalisés car non seulement nous subissons un manque à gagner sur le plan financier mais avec cette interdiction de céder les plages aux concessionnaires privés, c'est toute la saison estivale qui en pâtit. Je ne vois pas comment nos plages vont attirer les estivants lorsque ces derniers sont obligés de payer des prestations à des hors-la-loi alors qu'en réalité l'Etat leur assure la gratuité à tous les niveaux», ajoute-t-il. Un avis partagé par un professionnel du tourisme dans la commune de Tigzirt qui estime que «la saison estivale de cette année rime avec anarchie à tous les niveaux». Il cite ces cohortes de jeunes désœuvrés qui squattent à longueur de journée le moindre centimètre des huit plages surveillées de la wilaya de Tizi Ouzou. «Une prime à l'anarchie !» Dès les premières heures de la matinée, des dizaines de jeunes plantent parasols, tentes et tables au niveau des plages obligeant les estivants à payer le prix fort pour se frayer une petite place en bord de mer. Une situation qui a suscité le courroux des estivants mais surtout des élus locaux qui n'arrivent pas à expliquer cet état de fait. En effet, au moment où les pouvoirs publics chantent à longueur de journée que l'accès aux plages est gratuit et qu'aucun concessionnaire privé n'a le droit de gérer ces lieux de détente, les estivants se retrouvent contre leur gré face à vrai dilemme : la gratuité… «payante», comme nous l'a si bien résumé Kamel B., un citoyen de Tizi Ouzou, qui se dit victime d'une arnaque lors de son passage le week-end dernier à la plage de Tigzirt en compagnie de ses deux enfants. «Je me suis présenté aux vers 11h. Au moment où j'allais planter mon parasol et poser ma table sur le sable, deux jeunes bien musclés se sont présentés devant moi en me suggérant de me déplacer vers un autre lieu car, selon eux, le périmètre où j'étais leur appartenait. Ne voulant pas changer de place, les deux «propriétaires» des lieux m'ont sommé alors de louer un parasol pour 1000 DA», témoigne notre interlocuteur, qui avoue ne pas savoir quoi faire devant une telle situation de non-droit. Pour les élus et les professionnels du tourisme, la faute incombe aux pouvoirs publics qui ont décidé à la hâte d'interdire la concession des plages aux privés sans pour autant trouver une solution de rechange. Une décision qui a créé plus de problèmes aux estivants qui ne savent plus comment faire face aux nuées de squatteurs et autres petits voyous qui écument nos plages mais aussi aux responsables locaux qui n'ont aucun pouvoir sur la gestion des plages. «Nous ne pouvons rien faire face au dictat de tous ces squatteurs de tous bords qui viennent faire la loi sur les plages au vu et au su de tout le monde», s'offusque un autre élu qui affirme que son APC ne peut même pas procéder au nettoyage des plages en raison de l'anarchie y régnant dès les premières heures de la journée. Une opération qui se faisait régulièrement et sous le contrôle des services de l'APC du temps où les plages étaient cédées à des concessionnaires privés, selon ses dires.