Si la rentrée scolaire s'est déroulée sereinement dans certaine wilayas, dans d'autres, elle était sous tension. Plusieurs établissements scolaires ont été livrés cette année avec beaucoup d'insuffisances. Un déficit criant en personnels enseignants et administratifs a été relevé dans plusieurs wilayas du pays. Cette situation angoisse les syndicats du secteur qui craignent un retard dans les programmes scolaires. Le président du syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, explique le déficit des enseignants par l'absence des logements de fonction. «Les candidats reçus au concours refusent de rejoindre leurs postes car ils ont été affectés loin de chez eux et n'ont pas où loger», a-t-il fait savoir. Meziane Meriane a mis l'accent sur la nécessité de considérer les logements de fonction comme une mesure d'accompagnement pédagogique. Le ministère projette de combler ce déficit en appelant les enseignants qui sont en liste d'attente, mais «ce n'est pas la solutions au problème ! Ceux qui ont été reçus au concours sont les meilleurs. Il faut privilégier la qualité pour nos élèves», a-t-il lancé. Pour sa part, le porte-parole du conseil des lycées (CLA), Idir Achour, a mis l'accent sur l'urgence d'assurer les logements de fonction pour solutionner le déficit en enseignants. Cette rentrée s'est déroulée, selon lui, sous tension avec un manque de 60 000 enseignants, 10 000 adjoints d'éducation, 1000 censeurs, 1500 proviseurs et directeurs d'établissements scolaires. Notre interlocuteur a déploré en outre la surcharge des classes qui empêche les enseignants de faire leur travail correctement. «Les nouvelles cités ont été livrées sans établissements scolaires, ce qui est à l'origine de la surcharge des classes», a-t-il dit. 50 élèves par classe Même son de cloche du côté de l'union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) qui estime la surcharge à plus de 50 élèves par classe. «Le ministère parle d'une moyenne de 26 élèves par classe, mais c'est faux. La plupart des classes comptent entre 40 à 50 élèves», a précisé le porte-parole de ce syndicat, Sadek Dziri. «Cette surcharge est due au manque d'infrastructures scolaires, notamment dans les nouvelles villes», a-t-il dit. S'exprimant sur les réformes de seconde génération, le porte-parole de l'Unpef déplore le manque de formation des enseignants sur le contenu des nouveaux livres. «La première rencontre entre les inspecteurs et les enseignants sur ce sujet n'a eu lieu que samedi dernier. Mais c'est insuffisant. On ne peut pas former un enseignant sur un programme scolaire en une seule journée», a-t-il estimé. Notre interlocuteur dit craindre de voir le sort de cette réforme subir celui des années précédentes. «Le ministère n'a pas bien préparé ses réformes. Il fallait former les enseignants au préalable avant de lancer les manuels scolaires», a-t-il ajouté. Le même responsable a abordé, par ailleurs, l'annulation de la retraite anticipée qui a été refusée par la plupart des syndicats. «Cette mesure va engendrer cette année des départs massifs d'enseignants», a-t-il estimé. L'Unpef envisage de recourir à la grève pour dénoncer «les maux du secteur de l'éducation». «Notre conseil national va se réunir à la fin du mois pour décider de la marche à suivre, mais les protestations sont inévitables, surtout contre l'annulation de la retraite anticipée», a-t-il confié.