La reconversion de l'Armée de libération nationale (ALN) en l'Armée nationale populaire (ANP) a fait l'objet d'une conférence donnée hier, au Forum d'El Moudjahid, par deux cadres du ministère de la Défense nationale, à l'occasion du 94e anniversaire de cette reconversion. Les communications du directeur de la communication et de l'orientation du MDN, le général Boualem Madi, et du lieutenant colonel Salah Guerfi, ont été suivies par les témoignages de quelques anciens moudjahidine qui ont vécu ce changement d'appellation. Un changement qui est intervenu au lendemain de la signature des accords d'Evian, le 18 mars 1962, marquant la fin d'une guerre de plus de sept ans et d'une occupation de 162 ans. Ayant accompli sa mission de libération du pays du joug colonial, l'armée s'est investi de nouvelles missions, dont, a souligné le général Boualem Madi, «la défense de l'Indépendance et de l'intégrité du territoire ainsi que la construction du pays». Il ajoutera que parmi les missions de l'ANP, aujourd'hui, et dans cette conjoncture particulière que connaît la région, avec tous ses défis et dangers, figurent la préservation de l'unité nationale et de celle du peuple, ainsi que la préservation de la sécurité et de la stabilité du pays. Evoquant la reconversion de l'ALN en l'ANP, Salah Guerfi a indiqué qu'elle traduit le génie des dirigeants de la Révolution qu'il faudrait «enseigner dans les facultés d'histoire comme une expérience de guerre». L'ANP s'est dotée de toutes les structures nécessaires et adéquates pour ses futures missions, a noté l'orateur, insistant sur le caractère «progressif» de la mutation. Dans son intervention, Salah Goudjil a rappelé que la reconversion a été décidée lors de la réunion du CNRA de juin 1962 à Tripoli. «La fin de la guerre, la constitution du parti et la création de l'armée nationale imposent une reconversion de l'ALN», souligne le projet de programme adopté par cette réunion. Le document explique que «l'accession de l'Algérie à l'indépendance impose qu'une partie de l'ALN revienne à la vie civile et donne des cadres au parti et que l'autre partie constitue le noyau de l'armée nationale». Mais la décision de transformer l'ALN en l'ANP a été prise officiellement lors d'une réunion tenue à Bou Saâda, sous la direction du chef d'état-major de l'époque, Houari Boumediene, précise Salah Goudjil. «Contrairement aux autres armées dans le monde, l'armée algérienne est liée au peuple et à la nation, d'où l'appellation Armée nationale populaire», poursuit Goudjil. Le document du congrès de Tripoli évoque également la politisation de l'armée et la création en son sein de cellules du Parti unique. Ce rôle politique a été officiellement assumé jusqu'à l'adoption du multipartisme en 1989. La Constitution du 23 février 1989 n'a donné aucun rôle politique à l'institution militaire, dont la mission est désormais exclusivement vouée à la défense de la souveraineté et de l'unité nationales. «L'Armée nationale populaire a pour mission permanente la sauvegarde de l'Indépendance nationale et la défense de la souveraineté nationale. Elle est chargée d'assurer la défense de l'unité et de l'intégrité territoriale du pays, ainsi que la protection de son espace terrestre, de son espace aérien et des différentes zones de son domaine maritime», stipule l'article 24 de la Constitution de 1989. Mais cela n'a jamais mis fin à la polémique et au débat à propos du rôle que joue l'armée dans la vie politique nationale.