De nombreuses personnes, dont des cadres locaux de formations politiques, des femmes et des représentants syndicaux ont répondu à l'appel du collectif citoyen de Béjaïa pour rendre hommage à Amira Merabet qui été brûlée vive début septembre à Constantine. Dans une déclaration lue devant les manifestants qui ont pris d'assaut la placette Saïd-Mekbel, les organisateurs, après avoir rappelé le statut de mineure consacré par le Code de la famille, constatent que «la femme ne peut aboutir à une émancipation proprement dite (...) Il est nécessaire et utile, soutiennent-ils, que «les femmes s'auto-organisent autour de leur émancipation et de leur affranchissement des mœurs patriarcales et la morale dominante». Le collectif qui appelle toute la société et les femmes en particulier à agir interpelle d'autre part les hautes autorités de l'Etat pour «agir en conséquence en mettant en place davantage de mesures visant la protection des femmes et mener à terme l'enquête sur l'affaire d'Amira Merabet». Pour Saïd Salhi, vice-président de la Ligue des Droits de l'Homme, ces actions de dénonciation ne devraient pas s'arrêter à ces manifestations de colère, il faut aller vers une plus grande prise de conscience. «Il n'y a pas assez de mobilisation de la société et des pouvoirs publics. Malgré la mise en place d'un nouveau dispositif criminalisant les violences faites aux femmes, on ne voit réellement rien en pratique», déplore Saïd Salhi. Pour le défenseur des droits de l'homme, la loi ne devrait pas s'arrêter au volet de la criminalisation. «On ne voit pas l'impact de cette loi criminalisant les violences faites aux femmes sur les programmes scolaires, sur la vie familiale, sur les médias», regrette encore notre interlocuteur. «Tant que le Code de la famille qui comporte énormément de contradictions est toujours en vigueur, la femme continuera à souffrir», avertit le vice-président de la Laddh. «La femme mérite plus de protection d'abord de la société ensuite de l'Etat», conclut Saïd Salhi.