Nouria Benghebrit ne se laissera plus faire et décide de passer à la contre-attaque face à la campagne qui vise et sa personne et les programmes de deuxième génération introduits à l'école. Une plainte a été déposée par le ministère de l'Education nationale contre Samir Laksouri, membre de bureau de l'Organisation nationale des parents d'élèves (ONPE). Le département de la ministre accuse Laksouri d'avoir appelé les élèves à sécher les cours. Messeguem Nedjadi, inspecteur général du ministère, qui animait hier une conférence de presse, s'est dit outré par les propos du syndicaliste «islamiste», annonçant que la tutelle a saisi la justice, «se référant à la Constitution et en application de la décision commune du ministère de l'Intérieur et celui de l'Education portant sur l'obligation de la scolarisation». Le conférencier a pris le mis en cause comme «responsable de tout arrêt de scolarisation des enfants durant la phase obligatoire». «Cette organisation (Onpe, Ndlr) a refusé, dès le début, d'être un partenaire du ministère. Elle a aussi refusé de signer, contrairement à l'ensemble des syndicats, la charte d'éthique et de déontologie que nous avons élaborée», a rappelé l'inspecteur général du département de Nouria Benghebrit. Par sa plainte, la ministre qui s'est, jusque-là, réservée d'entrer dans des conflits et polémiques personnels, lorsqu'il s'agissait de sa propre personne, fait comprendre à ceux qui veulent bien l'entendre que nul n'a le pouvoir ni la paternité sur l'école. Il s'agit d'un droit constitutionnel auquel on ne peut attenter, d'aucune manière. Plus, elle doit être à l'écart de toute exploitation politicienne, comme l'a si bien rappelé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à la veille de la rentrée scolaire. Depuis la découverte de «l'erreur» dans le livre de géographie de première année moyenne, où est reconnu Israël à la place de la Palestine sur une carte géographique, les acteurs du courant islamiste ont trouvé l'occasion idéale pour s'en prendre à la ministre et à ses réformes. Samir Laksouri s'est rapidement fait connaître, poussé par des médias et des plateaux de télévision proches de l'idéologie islamiste et/ou à la recherche de scoop et de polémique. Dernière sortie en date sur les colonnes d'un quotidien arabophone, il appelle les avocats «à se joindre à (son) organisation et déposer plainte pour le gel de l'enseignement avec les livres de deuxième génération jusqu'à leur révision et approbation par la commission compétente». C'est, d'ailleurs, par cette démarche que le concerné explique la saisine de la justice par Benghebrit. «Le ministère de l'Education a pris connaissance de notre appel aux avocats et il veut anticiper et nous doubler», a-t-il réagi hier. Rencontré dans les couloirs de Dzair TV, Laksouri a nié avoir appelé les élèves à sécher les cours. «Je n'ai à aucun moment appelé au boycott de l'école, comme le prétend le ministère», déclare-t-il. Et de défendre que toutes ses critiques contre le département de Nouria Benghebrit «se réfèrent à la loi sur l'orientation scolaire de 2008». Raison pour laquelle il se dit «confiant de la justesse» de sa cause. Quoi qu'il en soit, à travers cette action de justice contre Laksouri, le ministère entend envoyer un avertissement à tous les autres aventuriers, dont des chefs de parti, à l'image de Abderrezak Makri (MSP), Abdelmadjid Menasra (FC) et Filali Ghouini (El Islah), en plus du «charlatan» Abdelfattah Hamadache, qui s'érigent en gardiens du temple de la morale et qui veulent maintenir l'école au moyen-âge.