À quelques jours de la rentrée scolaire, les islamo-conservateurs sortent leurs griffes pour s'attaquer, encore une fois, à la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. Après les dérives de l'Association des Oulémas musulmans et de la Coordination des enseignants en sciences islamiques, voilà qu'une autre initiative s'acharne sur les réformes de la ministre et alerte contre «les dangers» du recul sur certains acquis de l'école algérienne et les constantes nationales. Parmi une vingtaine de signataires de la démarche dite «pour la réforme du système éducatif», on trouve des enseignants, des académiciens, des imams et des représentants de la société civile, à l'image de Sadek Dziri, président de l'Unpef, syndicat proche de la mouvance islamiste, Djelloul Hadjimi, président de la fédération des imams (UGTA) et Samir Laksouri, président de l'Organisation nationale des parents d'élèves. Ils expliquent leur initiative par les «tentatives de changement des orientations générales du système éducatif», tout en exprimant «les craintes de la famille éducative». Pourtant, la majorité des syndicats autonomes soutiennent la démarche de Nouria Benghebrit en ce qui concerne la réforme de deuxième génération. Cette réforme qui, aux yeux des membres de l'initiative lancée avant-hier, porte atteinte aux constantes de la nation : l'amazighité, l'islam et l'arabité. Des accusations dénuées de tous sens et fondement, surtout que la ministre avait précisé en mars dernier que la réécriture des programmes «ne saurait en aucun cas affecter les principes qui fondent la politique de l'Education conformément aux dispositions de la Constitution et la loi d'orientation sur l'Education nationale». Plus que ça, Mme Benghebrit avait expliqué que son secteur «s'emploie non seulement à promouvoir les valeurs liées à l'islam, à l'arabité et à l'amazighité, mais aussi à inculquer à nos enfants le sens de la citoyenneté et l'attachement à l'unité nationale et aux symboles de la nation». Acharnement infondé Qu'est-ce qui aurait donc poussé ces islamo-conservateurs à s'ériger en «gardiens du temple moral» ? Au moment où l'on reconnaît à la ministre d'être parvenue à stabiliser le secteur et à l'orienter vers les questions essentielles, ses adversaires, qui autrefois la dénigraient pour ses supposées «origines juives», l'accusent aujourd'hui de vouloir supprimer les constantes de l'école algérienne. Un parti islamiste, le Front du changement (FC) d'Abdelmadjid Menasra, pour ne pas le nommer, lui a presque consacré un forum mardi dernier : «La ministre a une mission douteuse», avait-il lancé. C'est dire qu'au sein de cette mouvance, on ne désespère toujours pas de déloger Nouria Benghebrit. Cette dernière a cependant le soutien du gouvernement, notamment celui du Premier ministre. Dans une réponse adressée cette semaine à un député islamiste, Abdelmalek Sellal précise que la réforme «vise à améliorer le niveau de performance de l'encadrement de l'Education, le renforcement du niveau d'acquisition des élèves, sans que cela ne touche à la structure de l'Education et à ses composants originaux, fondés sur les valeurs fondamentales et le triptyque de l'identité nationale: islam, arabité et amazighité». Sellal a même pris le soin de préciser que la matière des sciences islamiques «n'est pas concernée par la mesure de réduction du volume horaire et la révision à la baisse de son coefficient», comme tentent de le véhiculer certains cercles. A part l'objectif de maintenir l'école loin de toute ouverture sur le monde moderne et s'assurer une génération attachée plus à des idéologies archaïques qu'à des valeurs universelles et progressistes, rien ne peut justifier l'acharnement des islamo-conservateurs contre Nouria Benghebrit.