Par sa puissance, la rumba congolaise est devenue aujourd'hui un véritable courant musical afro. Elle sera représentée au Panaf par sa principale figure de proue : Ray Léma. La rumba, musique des Caraïbes, a traversé l'océan Atlantique pour venir se planter au cœur de l'Afrique. Les musiciens congolais s'emparent et se réapproprient jusqu'à aujourd'hui la rumba caribéenne pour en faire leur rumba, une rumba spécifiquement congolaise. Ses rythmes endiablés font bouger les plus grandes discothèques dans le monde. La rumba congolaise qui réunit un rythme africain très chaud et un déhanché latino s'apprête très bien à la danse. Son avènement à l'échelle planétaire, on le doit aux découvreurs de Ray Léma en l'occurrence Jean François Bizot, le directeur du magazine Actuel et à Martin Meissonier que nos raïmen connaissent bien. Même si tout ce beau monde a surfé sur la déferlante de la world music le parcours de Ray Léma n'en reste pas moins des plus singuliers. Et pour cause ! Lui, il fera, en quelque sorte, le chemin inverse. De confession chrétienne, Raymond Lema A'nsi Nzinga apprit dans son enfance le piano, d'abord, en tant que «séminariste». Il acquiert «chez les curés» une formation classique qui va le familiariser à Kinshasa avec les œuvres classiques de Mozart, Bach ou encore avec le chant grégorien. Pour les offices religieux, il accompagna durant des années des messes à l'orgue dans les églises. Mais sous l'impulsion de son goût prononcé pour la musique et de son immense talent il en arrive à oublier, au bout de quelques années, sa vocation religieuse pour se consacrer entièrement aux musiques dites «profanes». Il rompra, ainsi, avec la tradition occidentale au profit d'un retour aux racines africaines. Un retour salutaire pour la mémoire africaine, puisque le pianiste s'en ira en brousse faire œuvre utile pour l'Afrique en recueillant différents rythmes et sonorités du terroir. En sillonnant les différentes régions de son vaste pays, il aura à connaître la plupart des musiciens et danseurs de son pays, toutes ethnies confondues. C'est un travail remarquable, un travail d'un véritable «ethnomusicologue», une contribution à la conservation du patrimoine culturel africain qui vaut à Ray Léma d'être soutenu par le gouvernement de son pays. Toute la matière collectée sera consignée dans de nombreux enregistrements. Pour l'Algérie, Ray Léma va se produire dans le cadre du Panaf à Oran (17/07) et à Tipaza (15/07) où il est à parier que la rumba congolaise fera fureur cet été.