Ray Lema est un compositeur, instrumentiste, producteur congolais inclassable et à la direction instrumentale riche, précieuse et diverse. Ray Lema est en fait un homme-orchestre. Il fait dans la rumba zaïroise, afro-beat, jazz, musique symphonique et autre ska. Et puis il joue du piano debout Les concerts de Ray Léma, ça bouge et ça déménage. Lors du Festival panafricain vous avez bluffé tout le monde… C'est pour cela que je remercie mon équipe-là. Parce que j'ai une belle tribu, vraiment. J'aime mes gars (musiciens). Quand ils sont bien nourris, ils sont formidables. (rires). Le public d'Alger a été conquis… Oui, le public d'Alger est magnifique. Parce qu'on reçoit beaucoup de ce public. Qui a du cœur, enfin du « chœur »… (rires). Il donne son cœur à un artiste. Votre formation a dépassé le mur du son avec du ska et autre steady rock… J'ai vu ça. (rires). J'ai joué à Oran et c'est la même chose. Les gens m'on accueilli avec tellement de chaleur. C'est pour cela que j'ai tenu à vous remercier, publiquement. Parce que c'est quand même important pour un artiste de recevoir un tel accueil, quoi ! Vous déclinez une certaine quintessence de la musique mêlant soul, ska, afro-beat, rumba zaïroise, biguine antillaise… Oui ! Parce que j'ai tellement d'influences en moi que je ne sais pas les contenir. Je suis Congolais mais j'ai commencé par la musique classique. Ensuite, j'ai vécu aux Etats-Unis où j'ai fait du jazz. Je tourne en piano solo. J'ai fait une tournée pendant trois ans avec des musiciens marocains, une troupe de gnaoua (Tyour de Essaouira). J'ai tourné durant deux ans avec la formation des Voix bulgares. Et là, je viens d'effectuer une performance symphonique à Sao Paulo, au Brésil. Donc, j'ai tellement de familles partout, maintenant. Je ne sais pas. Je joue et je vous offre avec amour ce dont je me suis imprégné. Alors, vous allez sûrement réaliser des projets avec des artistes algériens… Si ! J'ai regretté quelque chose, ici (à Alger, lors du Festival panafricain). J'ai compris pourquoi. L'organisation du Festival panafricain est tellement serrée à cause du nombre important d'artistes invités. Mais j'aurais bien voulu croiser des artistes algériens. Qu'est-ce qui vous intéresse le plus ? Moi, ce qui m'intéresse principalement, ce sont les artistes traditionnels. Il existe un terroir très « roots » et divers en Algérie… Je ne sais pas. Mais c'est à vous de me conseiller. Vous, qui avez écouté ma musique, aiguillez-moi quant aux styles musicaux des artistes algériens. Donc, moi, j'attends vos conseils, en fait, voilà ! Biographie : Formé à l'occidentale (séminaire, musique classique, piano), Ray Lema est un des musiciens africains les plus curieux (dans tous les sens du terme). Toujours en quête de nouveautés, de découvertes, d'inspirations, il n'a de cesse de sillonner la planète et d'enrichir son travail qui est certainement, aujourd'hui, une des plus belles synthèses entre musiques africaines et sons du monde entier. Enfant, il découvre la musique à travers Mozart, Bach et le chant grégorien qui deviennent son quotidien. Pendant des années, il est accompagnateur officiel des messes à l'orgue et sa vocation religieuse se transforme vite en une vocation pour la musique. Ray quitte le séminaire et continue à jouer avec quelques groupes et orchestres. Il intègre l'orchestre de Gérard Kazembe. Sa notoriété se forge petit à petit, et en 68, le gouvernement lui demande de créer le Baby National, dans lequel il est chef d'orchestre. Il accompagne également les stars zaïroises, dont Tabu Ley Rochereau et Joseph Kabassele.En 1979, invité par la Fondation Rockfeller, Ray Lema part aux Etats-Unis et enregistre un tout premier disque en solo, Koteja. En 82, Ray quitte les Etats-Unis et s'installe finalement en France. Nouvelle adresse, nouvelle culture, nouvelle carrière. Il monte un groupe, CARMA (Central Africa Rock Machine) composé de musiciens de divers horizons (Zaïre, Cameroun, Haïti, Guadeloupe). En 83, sort Kinshasa-Washington DC-Paris, rumba-rock, funk, reggae, tradition, modernité, l'album marque le décollage d'une carrière internationale. A la même époque, il réalise un album The Rythmatist avec l'Anglais Stewart Copeland, ex-batteur du groupe Police. L'année suivante, il rencontre Martin Meissonier, ingénieur du son et arrangeur, et de cette rencontre sort l'album Médecine. En 88, il monte pour un album, le « Bwana Zoulou Gang », composé d'artistes français dont Charlélie Couture et son frère Tom Novembre, Jacques Higelin et Alain Bashung, y figurent également les musiciens africains Willy N'for et Manu Dibango. Puis Ray Lema enchaîne albums, rencontres et tournées.En 89 il sort Nangadeef avec Courtney Pine et les Mahotella Queen comme invités. En 92, il produit Were Were Liking et sa troupe du Ki Yi M'bock Théâtre d'Abidjan. Ils écrivent ensemble l'opéra Un Touareg s'est marié avec une pygmée. Puis retour au jazz avec le pianiste allemand Joachim Kühn sur l'album Euro african suites. Sobre retour en 94 avec le disque Tout Partout et en 96 avec l'album Green Light entouré de Cathy Renoir et Isabel Gonzales. Ray Lema présente un album tout en dépouillement d'où émanent une kora, une flûte pygmée, ou un accordéon. Cet héritage est à l'honneur en 97, lorsque Ray Lema se lance dans l'écriture d'un opéra, Le Rêve de la Gazelle, pour un orchestre de 30 musiciens. En 2000, Ray Lema travaille avec les Tyour Gnaoua d'Essaouira, formation marocaine traditionnelle. De leur rencontre naît une création musicale qui permet la confrontation de la musique gnaoua, issue des anciens esclaves originaires des régions subsahariennes, et des chants congolais. Instruments, voix, le mariage est une réussite. La création a lieu en mai 2000 au Couvent des Cordeliers dans le cadre de l'année du Maroc. Ils sortent un album commun, Safi (On est d'accord), et partent en tournée internationale pendant deux ans.