Le lien établi entre consommation de sucre et augmentation de maladies non transmissibles, comme le diabète, l'obésité et les complications cardiovasculaires plaident en faveur d'un encadrement strict de la vente des produits sucrés. Le Dr Abdelkrim Djellouli est formel à ce propos. «Consommer le sucre c'est bien, mais à petites doses», souligne-t-il. Médecin généraliste et spécialiste en nutrition, le Dr Djellouli ajoute clairement que «la dose journalière pour une personne est en moyenne de 54 grammes. Au-dessus, c'est un risque certain de développer une maladie chronique grave». Selon notre interlocuteur, tout commence dès la naissance. L'éducation alimentaire joue un rôle déterminant pour l'enfant. «Les mamans allaitent leurs nourrissant à base de lait en poudre industriel. Celui-ci, je ne cesserai jamais de le répéter, contient une forte dose de sucre, plus élevée que celle du lait naturel», signale-t-il. Et d'ajouter : «Les bébés s'habituent ainsi à cette consommation et développent dans leur cerveau le cercle du sucre. Ensuite, ces mamans alimentent leurs progénitures avec des compotes de fruits et des purées de pomme de terre industrielles, encore très riches en sucre. Alors, à ce moment-là, l'enfant devient dépendant du sucre, tout comme on devient dépendant d'une drogue, du tabac et de l'alcool. Une fois adulte, cette dépendance sera encore aggravée avec tous les types de fructose que contiennent les différents produits alimentaires industriels commercialisés en Algérie.» Ce spécialiste va plus loin et considère que le vrai problème n'est pas dans la consommation de sucre comme produit fini, mais celui que comporte le pain, la farine, la semoule, les pâtes, les biscuits ou encore les yaourts. La raison de cette surconsommation de sucre est, selon lui, strictement commerciale. «Les producteurs ont compris que les Algériens, étant mal informés et sensibilisés, sont attirés par les produits sucrés. Donc, ils en mettent partout, même dans ces produits censés ne pas en contenir», soutient le Dr Djellouli. Le plus dangereux est dans les boissons gazeuses et les jus de fruits que consomment quotidiennement une grande majorité des Algériens, surtout durant l'été et le mois sacré du Ramadhan. Il existe, d'après ce spécialiste, des canettes produites par de nombreuses marques de boissons gazeuses ou jus de fruits, qui contiennent trois fois plus de quantité de sucre qu'une personne est censée consommer quotidiennement. «Chaque canette contient l'équivalent de 22 morceaux de sucre. Un morceau de sucre équivaut à 10 grammes. Ce qui fait qu'une canette en contient 220 grammes de sucre. Alors que le taux minimal que nous devons consommer est de 54 gr», prévient le nutritionniste qui affirme que les jus de fruits en contiennent encore beaucoup plus. «Il est nécessaire, voire urgent que l'Etat intervienne pour interdire, tout simplement, aux enfants la consommation de ces produits», a-t-il insisté.