Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, récidive. Il exclut, de nouveau, toute autosaisine de la justice concernant les révélations sur des cas de corruption et d'abus de pouvoir faites par des… ministres. «Les portes des parquets sont ouvertes à tous ceux qui ont des dossiers sur la corruption pour aider la justice et la société à la combattre», a-t-il déclaré, avant-hier, à l'APN. Répondant à une question d'un député, Louh a indiqué que «le code de procédure pénal est clair sur le rôle des parquets dans la lutte contre la corruption et leurs portes sont ouvertes à tous ceux qui ont des dossiers sur la corruption». Avant d'ajouter : «Nous sommes en train de construire une justice forte, conformément aux orientations du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.» Cette déclaration du ministre de la Justice est faite au lendemain d'une lourde révélation du ministre du Commerce, Bekhti Belaïb, qui a dénoncé un importateur qui introduit des marchandises en toute illégalité. Encore plus grave que celles faites par le ministre du Tourisme, les déclarations de Belaïb illustrent l'étendue de la corruption en Algérie. Selon lui, un importateur, après le blocage d'une marchandise dont la déclaration était fausse, est allé au ministère en proférant des menaces, jurant que sa marchandise quittera le port. Le ministre, impuissant, a ajouté que la marchandise avait finalement quitté le port. Terrible. Lorsque le ministre du Tourisme avait dénoncé l'attribution illégale de lots de terrain à Dounia Parc, et alors que les observateurs attendaient de la justice de s'autosaisir, Tayeb Louh a appelé Nouri a déposer plainte. Il a évoqué l'article 32 du code de procédure pénal qui stipule que «Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit, est tenu d'en donner avis sans délai au ministère public et de lui transmettre tous les renseignements, procès verbaux et actes qui y sont relatifs.» Cela n'empêche pas les hommes de loi d'affirmer que la justice est dans l'obligation de se saisir des dénonciations pour enquêter. «Les déclarations du ministre de la Justice n'empêchent pas le parquet de s'autosaisir. Il est dans l'obligation de déclencher l'action publique», insiste Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme. Il précise qu'il ne sait pas à quoi obéissent les déclarations de Tayeb Louh. Les révélations des ministres du Tourisme et du Commerce et les réponses du ministre de la Justice appellent quelques interrogations. La première est de savoir pourquoi la justice ne donne pas de suite à ces dénonciations ? La dernière est de savoir pourquoi les ministres en question ne déposent pas plainte ? La justice a-t-elle retenu la leçon de Chakib Khelil ? Ou c'est plutôt les ministres qui ont retenu celle de Mohamed Charfi, ancien ministre de la Justice, limogé justement dans le sillage de l'affaire Khelil ? Derrière les révélations des deux ministres se cachent sans doute des calculs politiques. Les membres de l'ONPLCC prêtent serment Le président et les membres de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLCC) ont prêté serment, avant-hier, à la cour d'Alger. Le président de l'ONPLCC, Mohamed Sebaïbi, et ses six autres membres ont prêté serment à la cour d'Alger, en présence de plusieurs hauts responsables. L'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption dont les membres ont été nommés récemment par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a pour mission principale de proposer et de contribuer à animer une politique globale de prévention de la corruption. L'article 202 de la Constitution stipule qu'«il est institué un Organe national de prévention et de lutte contre la corruption, autorité administrative indépendante, placée auprès du président de la République et jouissant de l'autonomie administrative et financière». La création de l'ONPLCC vient renforcer les autres mécanismes mis en place par les pouvoirs publics depuis quelques années afin de lutter contre ce phénomène.