C'est demain que s'ouvrira à Alger la 15e édition du Forum international de l'énergie (IFE15) avec la participation des délégations des 72 pays membres, conduites par leur ministre de l'Energie, en plus des experts, des responsables de l'industrie des hydrocarbures et des organisations internationales de l'énergie. En réalité, ce rendez-vous international ne fera pas office d'une rencontre entre pays Opep et non-Opep, avait prévenu le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, mais «le rôle du FIE est de promouvoir un dialogue énergétique au niveau mondial», mettant en évidence que les échanges de vue entre producteurs et consommateurs «sont tout à fait utiles et nécessaires» et qu'il était «intéressant» d'avoir autour de la table l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran, les Etats-Unis, la Russie, le Canada et la Chine qui sont les six premiers producteurs mondiaux de pétrole. Pour cet événement, le site du Forum a publié le programme qui se structure autour de quatre sessions et deux tables rondes, couvrant les questions d'actualité qui concernent le dialogue énergétique mondial. La journée du lundi sera ainsi consacrée aux inscriptions et à la réception des délégations. Quant aux travaux de ces rencontres qui seront animés par des ministres et des PDG de compagnies, ils débuteront officiellement mardi pour se poursuivre le lendemain. Il sera donc question des «Marchés pétroliers : perspectives et défi de la stabilité», du «Gaz naturel : défis pour l'industrie, la chaîne du GNL et ses implications pour la structure du marché», des «Energies renouvelables et efficacité énergétique : perspectives et défis après la COP21», ainsi que la «Gouvernance de l'énergie : le dialogue énergétique mondial revisité». Sur les tables rondes, la première traitera de l'«Accès à l'énergie durable : un facteur critique pour le développement humain» et la seconde sera autour du «Renforcement de la sécurité énergétique : le rôle de la technologie». A propos des invités de l'événement et les responsables qui vont animer les sessions et les tables rondes, le site du forum fait savoir que les discours de bienvenue, d'introduction et d'ouverture seront respectivement prononcés par le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, le SG de l'IEF, Xiansheng Sun, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Une banque de données Pour l'historique, le dialogue producteurs-consommateurs a été initié en 1991 par la tenue de la première réunion ministérielle de l'IEF à Paris. A cette date, une perturbation de l'approvisionnement causée par la première guerre du Golfe a été décisive pour ce dialogue et a augmenté la prise de conscience des intérêts communs entre les parties. Mais ce dialogue n'a été structuré qu'en 2002, lors de la réunion de Kyoto (Japon), sous forme de forum avec un secrétariat dont le siège est à Ryad (Arabie saoudite). Une charte de l'IEF a été adoptée à Cancun (Mexique) en 2010 pour définir les organes du Forum : la réunion ministérielle (organe suprême), le Conseil exécutif et le secrétariat. L'un des produits phares et concrets du forum est le Jodi (Joint Organisation Data Initiative) qui représente une base de données sur les marchés du pétrole et du gaz. L'initiative recueille des données provenant de 100 pays sur les indicateurs-clés de l'offre et de la demande de pétrole et d'environ 80 pays sur les indicateurs-clés de l'offre et de la demande de gaz. Elle repose sur les efforts conjugués des pays producteurs et consommateurs et huit organisations internationales pour fournir des statistiques complètes et durables en temps opportun. D'après ses initiateurs, l'échange des données comme un moyen pour améliorer la transparence des marchés mondiaux de l'énergie est bénéfique pour la sécurité énergétique. Des invités de marque En l'espace de deux jours, Alger accueillera les plus grands décideurs du monde de l'énergie. La ministre française de l'Environnement, de l'Energie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, Ségolène Royal, prendra part à la 15e édition du Forum international de l'énergie qui aura lieu mardi et mercredi à Alger. La ministre française présidera la troisième session des travaux du forum qui a pour thème : «Energies renouvelables et efficacité énergétique : perspectives et défis après la COP21». Pour rappel, l'Hexagone avait abrité, entre novembre et décembre de l'année dernière, la Conférence de Paris de 2015 sur le climat. Un accord international sur le climat, applicable à tous les pays, est validé par tous les participants, fixant comme objectif une limitation du réchauffement mondial entre 1,5 C° et 2 C° d'ici 2100. Outre la ministre française, il est attendu la présence du ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, et de ses homologues saoudien, Khalid Al-Falih, russe, Alexander Novak, vénézuélien, Eulogio Del Pino, ainsi que les SG de l'Opep, de l'AIE et de l'IEF à la session 1 «Marchés pétroliers : perspectives et défi de la stabilité», laquelle sera présidée par le ministre algérien, Noureddine Boutarfa. A cette session, seront également présents le ministre koweïtien des Finances, Anas Khaled Al Saleh, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, et le vice-président de Shell, Mike Muller. La deuxième session qui aura pour thème «Gaz naturel : défis pour l'industrie, la chaîne du GNL et ses implications pour la structure du marché», elle sera présidée par le ministre qatari de l'Energie et de l'Industrie, Mohammed Bin Saleh Al Sada. Parmi les participants, il y aura le ministre irakien du Pétrole, Jabbar Ali Hussein Al-Luiebi, ainsi que d'autres ministres, secrétaires ou sous-secrétaires d'Etat de l'Energie, voire de l'Industrie, de l'Economie ou du Commerce d'Italie, du Japon, d'Allemagne et de Pologne, ainsi que le PDG de Sonatrach Amine Mazouzi. La troisième session, présidée par Ségolène Royal, sera animée par les ministres hollandais, tunisien et émirati, ainsi que le sous-secrétaire d'Etat américain aux Affaires internationales. La quatrième et dernière session sur la «Gouvernance de l'énergie : le dialogue énergétique mondial revisité», sera présidée par le ministre saoudien, Khalid Al-Falih, et animée par ses homologues nigérian, indien et mexicain, ainsi qu'un haut cadre du ministère japonais des Affaires étrangères. Réunis autour de la question énergétique, les producteurs et consommateurs n'ont d'autre choix que de trouver un accord pour éviter l'effondrement de l'industrie pétrolière et gazière. Un scénario qui n'arrange les intérêts d'aucune partie. Repère: Quel impact ? L'organisation du 15e forum international de l'énergie a imposé à l'Algérie de disposer d'une importante infrastructure et d'une base logistique. La réception, il y a quelques jours, du centre international de conférences, inauguré par le chef de l'Etat, permet d'abriter ce genre d'évènement. Mais il n'en demeure pas moins que des efforts devraient être déployés encore plus pour donner une stature à Alger afin d'aspirer à organiser d'autres manifestations internationales. Selon les organisateurs, les grands hôtels de la capitale et résidences d'Etat ont été réquisitionnés pour accueillir dans les meilleures conditions plus de 70 ministres, de hauts responsables du secteur de l'énergie, des patrons de compagnies internationales et des centaines de journalistes étrangers. C'est un véritable défi pour les autorités publiques qui devaient veiller au moindre détail. A l'aéroport international d'Alger, des mesures exceptionnelles de sécurité et d'organisation ont été mises en œuvre, avec des navettes spéciales pour les représentants des médias internationaux qui seront hébergés durant les trois jours de couverture de l'évènement à l'hôtel El-Aurassi, établissement public totalement rénové. La prise en charge des délégations officielles n'était pas en reste. L'Algérie tient à la réussite de cette conférence. Sur le terrain, la préparation de cet évènement a bénéficié de tous les moyens. Des centaines d'agents de la wilaya ont été mobilisés durant plus d'un mois pour le nettoyage de l'autoroute reliant l'aéroport d'Alger au centre international de conférences situé sur la côte ouest de la capitale, à environ 45 kilomètres. Les opérations de désherbage et de réaménagement des espaces verts tout au long de l'autoroute ont été menées avec soin. Chaque matin, plusieurs employés de la Direction des travaux publics de la wilaya d'Alger se sont attelés au nettoyage et au réaménagement des espaces verts situés sur les voies rapides. D'autres travailleurs ont été mobilisés pour remettre en état et repeindre les façades extérieures des bâtiments se trouvant à proximité de la rocade sud. Les drapeaux des pays qui seront représentés lors de cette conférence sont déjà érigés au niveau des grands carrefours et édifices publics, donnant une image magnifique de la ville d'Alger. Beaucoup espèrent que cet effort sera maintenu et que de vastes opérations de démolition des quartiers insalubres et bidonvilles seront entreprises afin de récupérer des espaces indispensables pour construire une ville internationale ouverte sur le monde, avec des services administratifs, économiques et culturels harmonieusement déployés. Il s'agit plus particulièrement d'une partie d'Hussein Dey, d'El Magharia, La Glacière et El Harrach, dans la partie est de la ville. Outre les travaux de réfection des immeubles et des principales routes réalisés dans le cadre de la tenue de cette conférence internationale, les services de sécurité ont été aussi renforcés pour mieux organiser la circulation routière, sachant qu'Alger souffre énormément en la matière. Ce qui caractérise l'organisation de cette conférence, c'est surtout l'implication des parties étrangères, notamment le secrétariat du Forum. Le site d'information et d'enregistrement dédié à la manifestation est entièrement rédigé en anglais, ce qui confirme que l'Algérie, qui entre de plain-pied dans la mondialisation, devra encourager de manière urgente l'enseignement de cette langue à tous les niveaux pour combattre l'isolement et le sous-développement. L'impact de la tenue de cette conférence internationale sur l'image du pays est crucial. Cet important évènement devra constituer un point de départ pour une nouvelle politique économique, surtout en ce moment précis où le débat sur l'après-pétrole semble être sérieusement engagé.