Contrairement à ce qui est rapporté ici et là, «les Iraniens et les Saoudiens ne sont pas en opposition», du moins sur le marché pétrolier, mais qu'en réalité, chacun cherche à soumettre une proposition en fonction de sa situation politique, économique et sociale. Telle est l'image présentée hier à Alger par le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, qui a estimé que le royaume d'Arabie saoudite a fait «une bonne proposition», en appelant à geler la production aux niveaux de production de janvier dernier, au moment où ce grand pays pétrolier produisait 10,1 millions de barils/jour (mbj), contre 10,5 mbj actuellement. Boutarfa, qui animait une conférence de presse à la veille de la tenue du Forum international de l'énergie (IEF15) et de la réunion informelle de l'Opep, a ajouté que «l'Iran a posé une problématique que l'on pourrait expliquer d'un point de vue technique, économique ou politique», à savoir retrouver son quota de 4 mbj d'avant les sanctions internationales. Enfilant le costume de «conciliateur» et de «facilitateur», le ministre de l'Energie a effectué, début septembre, une tournée internationale qui l'a conduit à Téhéran, Doha, Moscou et Paris où il a rencontré ses homologues iranien, qatari, russe et saoudien pour les inviter à se mettre autour d'une même table à Alger, laisser leurs différends politique et idéologique de côté et s'atteler à trouver une issue à la crise que traverse le secteur des hydrocarbures dans le monde. Pour ce faire, l'Algérie est, selon le ministre, «attendue par beaucoup de pays afin de jouer ce rôle de facilitateur». Position flexible ! Quant à la proposition de l'Algérie lors de cette rencontre informelle, Boutarfa dit que la position d'Alger est «flexible». Cela reste à discuter, explique-t-il, précisant qu'il est possible d'être en faveur d'un gel, d'une réduction de la production et aussi décider d'un calendrier pour mettre en œuvre l'une de ces options. «Une chose est sûre, c'est que les prix actuels du brut n'arrangent personne et tout le monde s'accorde à dire que la situation n'est pas soutenable.» Comment agir ? L'ex-PDG de Sonelgaz révèle que rien n'est joué d'avance et que seules les négociations peuvent déterminer le chemin à prendre pour faire remonter les prix. Dans cet ordre d'idées, il a mis en avant deux scénarii ou formules possibles : «Soit on tombe sur un accord, soit on arrive à une voie d'accord.» Pour le ministre, «il n'y aura pas d'échec de la réunion d'Alger», a-t-il indiqué, tout optimiste. A ce propos, Boutarfa dit que «l'Opep est condamnée à prendre des décisions (...) pour maintenir les prix entre 50 et 60 dollars». De juin 2014 à nos jours, les prix du pétrole brut sont passés de 115 dollars/baril à moins de 50 dollars, enregistrant leur niveau le plus bas, le 20 janvier dernier, à 27 dollars seulement. Pour réguler le marché et éviter des pertes conséquentes aux pays producteurs et à l'industrie pétrolière et gazière d'une manière générale, les pays de l'Opep n'ont pas réussi à trouver un consensus, malgré plusieurs tentatives. Une occasion de la dernière chance leur sera ainsi offerte après-demain à Alger. Une rencontre à laquelle prendront part tous les membres du cartel, y compris les Iraniens et les Saoudiens.