Les retombées diplomatiques et économiques de la promulgation par le Congrès américain d'une loi permettant d'ester en justice l'Arabie saoudite ne sont, certes, pas encore connues mais inquiètent déjà la monarchie. Quinze ans après les attentats du 11 septembre, le premier procès contre l'Arabie saoudite ouvre ses portes à Washington. Une Américaine, dont le mari a trouvé la mort dans les attentats du 11 septembre 2001, a ouvert le bal des attaques judiciaires contre l'Arabie saoudite. L'action intentée par Stephanie Ross DeSimone auprès de la Cour de Washington est devenue la première en son genre, relate l'agence Bloomberg, rappelant que le Congrès américain a récemment ratifié, en dépit du veto de Barack Obama, la loi Jasta, autorisant les familles des victimes des attentats du 11 septembre 2001 à engager des poursuites pour réclamer des dommages au royaume wahhabite. Cette loi pourrait perturber les réformes économiques destinées à relancer le secteur privé et l'investissement, alors que le royaume cherche à réduire sa dépendance à l'égard du pétrole en diversifiant son économie. Le royaume wahhabite est depuis longtemps soupçonné d'avoir apporté un soutien aux pirates de l'air ayant perpétré les attentats contre les tours jumelles du World Trade Center et le Pentagone, qui a fait près de 3000 morts. Riyad rejette ces suspicions. Quinze des 19 pirates de l'air étaient Saoudiens. La monarchie saoudienne est désorientée et peut être mise au banc des accusés. L'Arabie saoudite qui est déjà dans une situation très délicate au Yémen où la monarchie n'arrive pas à triompher militairement, peut être estée en justice par des citoyens d'autres pays pour le rôle très contestée des Al Saoud dans le soutien à des organisations extrémistes. Des organisations non gouvernementales et l'ONU accusent la coalition menée par l'Arabie saoudite contre le Yémen d'avoir perpétré des crimes de guerre. De très nombreux enfants, femmes et personnes âgées ont été tués dans des frappes aériennes de la coalition. Crimes pour lesquels les dirigeants de l'Arabie saoudite peuvent être attaqués en justice. En Syrie, le rôle de l'Arabie saoudite est le même avec le soutien à des organisations extrémistes qui ciblent des civils. Outre la justice, l'Arabie saoudite est confrontée à l'embargo sur les armes réclamé par de nombreuses organisations dans le monde. Le Congrès américain s'oppose déjà à des contrats d'armes conclus par Obama et l'Arabie saoudite. La monarchie qui achète des armes à coups de milliards de dollars pour pilonner des civils au Yémen et en doter des organisations extrémistes ailleurs, est dans une situation inconfortable. En perdant le soutien des Américains, l'Arabie saoudite qui craint la coopération de Washington avec Téhéran, dont la politique d'agression est dénoncée par la communauté mondiale, pourrait être marginalisée en matière de lutte contre le terrorisme, dont le renseignement sur les milliers de ses compatriotes qui se trouvent dans les rangs de Daech.