L'Arabie saoudite payera un jour pour son aveuglement à imposer son leadership dans le monde arabe, à coups de pétrodollars, et son alliance contre nature avec un Occident indifférent devant les flagrantes violations des droits de l'Homme pour écouler plus d'armes et laisser le Proche-Orient dans le chaos. Le président américain Barack Obama s'est rendu, hier, en Arabie saoudite, où il a été reçu par le roi Salmane Ben Abdelaziz, à la veille de la tenue d'un sommet des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et Washington. Mais l'ambiance était visiblement froide en raison des relations tendues, ces derniers temps, et des profonds désaccords entre les deux pays au sujet de nombreuses questions sensibles, ont rapporté les agences de presse. Depuis la conclusion de l'accord sur le nucléaire iranien, l'été dernier, entre Téhéran et les puissances occidentales, Riyad est furieux contre Washington et son président qu'il accuse de jouer avec le feu, en permettant à l'Iran de revenir sur la scène internationale. Prétextant le danger chiite dans la région, le roi Salmane s'est engagé dans une guerre au Yémen, obligeant Barack Obama à apporter son onction au nom de cette vieille alliance qui remonte à 1975, conclue entre Franklin Roosevelt et Ibn Saoud, dans le cadre de ce qui est appelé le "Pacte de Quincy". Et c'est parce que la Maison-Blanche a besoin de l'Arabie saoudite dans la région, pour installer ses bases militaires, profiter de l'or noir saoudien et signer des contrats de vente d'armes juteux, que Barack Obama n'avait d'autre choix que de céder à la volonté du roi va-t-en guerre d'entraîner avec lui plusieurs pays dans une guerre au Yémen qui ne devait pas avoir lieu. Mais d'autres dossiers sont venus alimenter les tensions entre ces deux pays, dont le dernier est le texte d'un projet de loi devant permettre aux familles des victimes américaines des attentats sur le sol américain d'ester en justice des Etats étrangers. Ce texte de loi n'a pas encore été soumis au vote au Congrès, mais il est promu par des sénateurs issus des deux camps démocrates et républicains. Il a pu passer le "comité judiciaire" du Congrès en janvier dernier, grâce à l'appui d'une coalition de sénateurs des deux camps, sans, toutefois, être amendé. Si l'Arabie saoudite s'est soulevée contre ce projet de loi, c'est qu'elle est indirectement visée. Car, il permettrait à l'avenir, s'il venait à être voté, aux familles des victimes des attentats de New York du 11 Septembre 2001 de déposer plainte contre Riyad. Mais pour quelle raison et comment le royaume saoudien pourrait-il être visé par des plaintes des familles des victimes de cette attaque qui a fait plus de deux mille morts, à la suite de l'effondrement des deux tours jumelles ? D'abord, 15 sur les 19 pirates de l'air, auteurs de ces attentats, étaient de nationalité saoudienne. Ensuite, celui qui est surnommé le "20e pirate de l'air", le Français Zacarias Moussaoui, avait affirmé aux avocats américains que ces attentats étaient financés par l'argent versé par les Al-Saoud à Al-Qaïda, dont le fondateur était le Saoudien Oussama Ben Laden. L'entêtement de l'Arabie saoudite à maintenir le même niveau de production du pétrole, en dépit de la crise des prix qui ont fortement baissé, fait également l'objet de tensions avec les Etats-Unis, puisqu'elle pénalise ses groupes pétroliers et freine la production du gaz de schiste américain. Lyès Menacer