Très attendu, le retour d'Amar Saâdani n'a pas eu l'effet retentissant, lui qui est habitué à lâcher des «bombes», surtout que la scène politique connaît du mouvement et que sa tête est mise à prix. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) a laissé donc la scène sur sa soif, hier, à l'occasion d'une réunion ordinaire du Bureau politique (BP) de son parti. Tout le monde s'interrogeait sur les raisons ayant poussé le patron de l'ex-parti unique à se taire. L'atypique Amar Saâdani a, en effet, donné l'impression qu'il n'a pas été «briefé» pour parler, maintenant le suspens jusqu'à mercredi, à l'occasion d'une réunion élargie aux mouhafedh. «Je vous donne rendez-vous mercredi, pour une conférence de presse où nous aborderons toutes les questions avec plus de détails et d'analyses», a-t-il déclaré devant l'insistance des journalistes, à l'ouverture de la réunion du BP. Dans sa brève allocution, il dira que cette réunion «coïncide avec la rentrée sociale et en préparation pour les prochaines étapes et échéances». Des étapes, a-t-il ajouté, «importantes et décisives sur le plan politique, institutionnel, économique, social et culturel». Amar Saâdani reconnaîtra que «notre pays vit une situation difficile», mais «grâce aux efforts de l'ANP, du peuple et des nationalistes, il est en train de reprendre sa force aux plans politique, économique et social». C'est pourquoi il appelle «à la vigilance, à la mobilisation et à travailler plus pour le bien du pays». Amené forcément à répondre à deux questions, le patron du FLN ne s'est pas lâché comme de tradition, jetant plus de doutes sur son attitude. Il se contentera de répéter son fameux slogan d'«Etat civil» qui, à ses yeux, «est une nécessité pour le pays, au risque de rester attaché aux personnes». «L'ère de la transition est révolue et nous ne sommes plus dans la période où des personnes sont nommées ou relevées par d'autres», a soutenu Amar Saâdani, en réponse à une interrogation sur son avenir à la tête du FLN et un «supposé» désaccord avec le président de la République. Refusant l'intrusion de l'argent dans la politique, il expliquera que le FLN «se battra contre ‘la chkara' à l'occasion des prochaines élections législatives», avant de rappeler son éternel slogan d'un gouvernement issu de la majorité. «Dans tous les pays du monde, le gouvernement est issu des partis. Le gouvernement doit émailler des partis politiques», a-t-il estimé, ajoutant que «le ministre, l'ambassadeur, le consul… peut être un militant». En tout état de cause, Amar Saâdani semble avoir décidé d'être prudent à sa première sortie politique, après une énigmatique absence qui aura duré plus de quatre mois. Les rumeurs qui circulent sur un probable remaniement ministériel et le prochain Conseil des ministres, dont la réunion serait prévue demain, mardi, auraient certainement donné matière à réflexion pour le patron du parti de la majorité parlementaire. La prudence est plus que de mise chez Saâdani qui, autrefois, n'hésitait pas à «actionner» des bombes sur tout ce qui bouge. Enfin, le BP du FLN, réuni hier, a adopté à l'unanimité un communiqué dans lequel il «dénonce les tentatives visant à salir l'image de symboles de la Révolution» et les considèrent comme «une atteinte au peuple algérien». Aussi, le BP «rejette» les déclarations des responsables officiels et non officiels français, concernant les affaires internes de l'Algérie. Une attitude «contraire aux principes qui lient les deux pays».