Une fois de plus, Amar Saâdani, le secrétaire général du FLN, ne s'est pas départi de sa hargne à mettre ses potentiels adversaires politiques sur le gril. Utilisant des termes allusifs mais très compréhensibles cette fois-ci, il s'est attaqué, sans le citer, à son homologue du RND. Selon lui, ce dernier «a osé émettre un oui, mais...» à son adhésion à la démarche entreprise par le FLN relative au soutien à apporter au programme du président de la République. C'était hier, lors de la conférence régionale des élus de son parti des wilayas du nord-est et du sud-est du pays réunis au théâtre Azzedine-Medjoubi à Annaba. La manifestation a été organisée dans la perspective des sénatoriales 2015. Cette conférence a regroupé les élus FLN des wilayas de Tarf, Annaba, Guelma, Souk-Ahras, Oued Souf, Ouargla, Biskra, Batna, Khenchela, Oum El Bouaghi, Constantine, Skikda, Mila, Jijel, Sétif. Se voulant offensif, le patron du vieux parti s'est longuement attardé sur la lutte à mener contre la concussion, la corruption et la maârifa dans le choix des candidats FLN à une quelconque échéance électorale. Cette fois-ci, il a été question de faire barrière à la pratique de la chipa pour prétendre être porté sur une liste électorale. C'est que malade des turpitudes de certains cadres de son parti, Amar Saâdani n'a pas hésité à reconnaître que ce genre de pratique prédominait les précédentes années. «Ça ne se passera plus ainsi. Seuls ceux qui répondront aux exigences prévues par le parti seront retenus» a-t-il affirmé. D'ailleurs, cela a été l'idée principale de son intervention où, comme pour conjurer le mauvais sort, il a appelé à la mobilisation de tous. C'est dire que le FLN a des étapes à rattraper pour prétendre tutoyer ses concurrents politiques. Notamment celle de hisser les capacités des représentants de son parti au standard traditionnel de compétitivité électorale. En chute libre ces dernières années pour cause de clientélisme politique, ses cadres font face à d'autres maux. D'où la démarche de leur secrétaire général à tenter de donner au parti la couleur d'une instance politique crédible via les kasmas. A ce niveau, face à la chkara et la maârifa, des cadres et militants de la première heure se positionnent en parents pauvres de tous les mécanismes d'incubation politique. On en est à la question de passer à la table des pertes et profits pour imposer la facilité politique à la refondation électorale. Ce sont ces propos que l'on a tenus dans les coulisses du théâtre Azzedine-Medjoubi avant l'arrivée du patron du FLN. Ils expriment toute la difficulté des animateurs de la base à analyser la recomposition de leur instance. C'est là que réside les incertitudes de l'ambition et l'incohérence des discours politiques menant le FLN vers une hasardeuse situation. A Annaba, Amar Saâdani était entouré d'un grand nombre de pyromanes politiques. Ceux-là même connus pour s'être servis de la chkara pour s'introduire à l'APN et au Sénat. Nombreux étaient les cadres présents qui, sous le sceau de l'anonymat, ont affirmé ne pas comprendre cet ensemble disparate de groupes d'influence qui font le pouvoir sans traduire l'expression des repères démocratiques du parti. Alors que leur secrétaire général discourait, les cadres élus étaient nombreux à prédire lors de la prochaine échéance électorale, un autre conflit interne dont, ont-ils estimé, Amar Saâdani ne se relèverait pas. Et c'est justement ce que cherche à éviter ce dernier en organisant des conférences régionales pour dire et redire que «l'ère de la chkara et de la maârifa est révolue au FLN». C'est d'ailleurs ce qu'il a clairement souligné en se fixant pour objectif de créer le dénominateur commun pour une reprise en main de tous les cercles de décision. Pour l'heure, les querelles intestines au FLN sont loin de toute idéologie à même d'amener une quelconque solution à la crise qui y sévit depuis des années. Ce qui n'a pas empêché que lors de la conférence régionale de Annaba, à l'appel du maître, les opportunistes sont devenus conciliants, ont oublié les bisbilles, accepté d'élargir leur camp et même promis de s'approprier le programme du président de la république. La preuve en est qu'une bonne fourchette de ces clients opportunistes revenus aux affaires grâce à Amar Saâdani ont vite oublié leur mise à la touche depuis longtemps. Certains attendaient impatiemment que sonnent les carillons des sénatoriales pour raviver leur verve et recommencer le rôle. Toutes ces données ont été exprimées, hier en aparté, au théâtre Azzedine-Medjoubi. Les opportunistes rassemblés autour de Saâdani paraissaient vouloir exprimer un gage de vassalité politique. Ce samedi donc, à Annaba, les motivations étaient fortement matérialistes. Pour ponctuer son discours, le patron du FLN a appelé à la mobilisation des potentiels pour capitaliser les efforts communs, décrocher le maximum de sièges au Sénat et former un gouvernement dont les membres seront majoritairement issus du FLN.