Finalement, les graves accusations portées par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, à l'encontre de son prédécesseur, d'être à la solde de la France, ont servi Abdelaziz Belkhadem plus qu'elles ne l'ont desservi. Elles remettent sur scène l'ancien chef de gouvernement et lui donnent l'occasion de renouveler son appel à la destitution de Saâdani. Cela, en plus de la vague de solidarité qui s'est exprimée en sa faveur. Après la manifestation de Laghouat, un rassemblement de soutien a eu lieu avant-hier à Tlemcen, où ses partisans ont dénoncé «les propos irresponsables de Saâdani». Même le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et les services de la présidence de la République auraient contacté Belkhadem, dont la famille est accusée par Saâdani d'avoir soutenu la France pendant la Guerre, pour lui exprimer leur soutien. Lors de son intervention sur une chaîne de télévision privée, Belkhadem n'a pas démenti cette information, et des sources proches de lui nous l'ont confirmée. Selon nos sources, l'ancien représentant personnel du chef de l'Etat a contacté plusieurs mouhafedhs et membres du comité central du parti afin de le sensibiliser sur la nécessité de mettre fin au règne absolu de Saâdani sur l'ex-parti unique. Belkhadem a appelé, sur les ondes de la même chaîne, «les militants honorables» du FLN à se débarrasser de la médiocrité, en évoquant le niveau très bas du discours développé par Amar Saâdani, tout en condamnant l'attitude des ministres qui l'ont applaudi. Il faut dire que le niveau politique laisse à désirer, comme en témoigne le discours de Saâdani, basé sur l'insulte et le dénigrement, qui a déconcerté l'opinion publique et les acteurs politiques. Abderrahmane Belayat, meneur de la contestation contre saâdani, s'est dit «consterné» par le discours, alors que le mouvement de redressement, coordination de Béjaïa, s'est dit «écœuré». Saâdani, dont le programme semble être exclusivement la sensation, l'insulte et l'invective, a provoqué aussi la colère au sein de la base du FLN. La coordination de Béjaïa du mouvement de redressement et d'authenticité a dénoncé, hier dans un communiqué, ses propos en appelant le président du parti à y mettre un terme. «Nous sommes écœurés par le dernier discours politiquement vide de Saâdani. Des déclarations que nous considérons comme actes irresponsables portant accusations graves et gratuites à l'encontre des hauts responsables de l'Etat, connus pour leur intégrité, leur dévouement, leur engagement, leur patriotisme, qui ont œuvré et défendu sans relâche les intérêts suprêmes de notre pays durant les moments difficiles qu'il a traversés», lit-on dans le communiqué. «Il est de notre devoir sacré de militants authentiques de défendre toujours notre nation et notre parti, le FLN, pour dénoncer à chaque fois nécessaire tous les auteurs qui se permettent de porter atteinte à son idéologie, son programme politique et sa bonne marche et de porter aussi atteinte aux intérêts de notre nation», poursuit le rédacteur du document. Il conclut, en appelant Bouteflika à intervenir «en urgence pour prendre toutes les mesures nécessaires afin de mettre fin aux agissements et comportements indignes de tous les responsables qui sont à l'origine de tout acte qui porte préjudice à la crédibilité de nos institutions de la République et à l'image du pays».