Le gouvernement s'est engagé dans une véritable course contre la montre dans l'objectif de ramener à «la raison» les syndicats autonomes regroupés au sein de l'intersyndicale contre le projet de réforme de la retraite. A 48 heures de la grève nationale de deux jours, annoncée pour les 17 et 18 octobre, les tentatives pour désamorcer la bombe se multiplient. Aujourd'hui encore, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale ainsi que la ministre de l'Education nationale, rencontrent les syndicats de l'éducation. Nouria Benghebrit, qui avait rencontré ces derniers le 10 octobre, n'a pas tardé à programmer une seconde réunion en présence, cette fois-ci, de Mohamed El Ghazi. Les deux membres du gouvernement qui, certainement, n'agissent pas en solo, si ce n'était un signal du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, useront de tous les arguments en leur possession pour convaincre les représentants des travailleurs, ne serait-ce qu'à surseoir à leur action. Cibler les syndicats de l'éducation, bien qu'au sein de l'intersyndicale on y trouve d'autres de la santé, de l'administration publique, de l'enseignement supérieur et même des affaires religieuses, est un choix bien étudié. Le secteur emploie en effet près de 700 000 fonctionnaires, toutes catégories confondues, et l'ancrage des huit syndicats autonomes a, à maintes reprises, été prouvé. C'est donc la réunion de la dernière chance où le gouvernement tentera le tout pour le tout. Après avoir tourné le dos aux syndicats autonomes en les excluant de la dernière tripartite qui, d'ailleurs avait entériné la décision de suppression de la retraite proportionnelle et sans condition d'âge, voilà qu'à l'approche de l'épreuve du terrain, il fait montre de «bonne foi» pour dialoguer. Mais, semble-t-il, cette volonté est venue en retard, d'autant que les syndicats ont tous déposé des préavis de grève et sont décidés à maintenir le mot d'ordre jusqu'au bout. En tout cas, pas sans que le gouvernement ne fasse marche arrière dans son projet de fixer l'âge de départ à la retraite à 60 ans. D'ailleurs, les syndicats disent ne rien attendre de la réunion d'aujourd'hui. «Sincèrement, je ne crois pas que cette réunion puisse apporter quelque chose de nouveau. Tant qu'il n'y pas de geste concret du gouvernement, nous irons jusqu'au bout de notre mobilisation», explique Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Joint par nos soins, il estime que la détermination de l'intersyndicale est inébranlable. Plus que ça, ce qui risque de faire avorter la réunion c'est la présence de syndicats et autres organisations non concernés par la grève des deux jours. La FNTE, affiliée à l'UGTA, le Snapap ainsi que les deux associations des parents d'élèves ANPE et Fnape «n'ont pas déposé de préavis de grève», tient à préciser Amoura. «Leur présence n'a pas lieu d'être», dit-il encore, ajoutant que les 8 syndicats autonomes de l'éducation remettront à Benghebrit un écrit dans lequel ils expliqueront cette position. «Nous ne tiendrons pas de réunion, en la présence de gens non concernés par la cause», tranche le secrétaire général du Satef. Quoi qu'il en soit, le gouvernement est dans une situation qui n'est pas à envier. Seize syndicats autonomes s'apprêtent à paralyser, à partir de lundi, des secteurs sensibles dont la santé, l'éducation, l'enseignement supérieur et l'administration publique.