En dépit des efforts de médiation tentés par le ministère de l'Education nationale, en vue de désamorcer le conflit autour de la suppression de la retraite anticipée, les syndicats autonomes maintiennent leur mot d'ordre pour une grève cyclique nationale les 17, 18, 24 et 25 octobre. Quatorze d'entre eux se mobilisent dans le cadre de l'intersyndicale autonome, depuis l'annonce de la révision du code du travail contre des clauses jugées réductrices de libertés syndicales et annonciatrices d'un recul évident sur plusieurs acquis sociaux des travailleurs algériens, dont la suppression de la retraite anticipée. Huit syndicats sur les dix ayant rejoint ce mouvement de protestation sont issus du secteur de l'éducation. Les établissements scolaires risquent ainsi d'être paralysés. La réunion organisée par le département de Nouria Benghebrit, regroupant les responsables de la Caisse nationale de la retraite (CNR) et les représentants des syndicats du secteur, n'a pas réussi à convaincre ces syndicats de surseoir à leur mouvement de protestation. Tous les arguments présentés par les responsables de la CNR ont été réfutés en bloc par les représentants des travailleurs qui rejettent les explications financières avancées par le gouvernement concernant les équilibres financiers de la Caisse. «La retraite proportionnelle entraînera un sérieux préjudice pour les équilibres financiers de la CNR, d'autant plus que plus de 52% du nombre total de pensions de retraites directes sont servies aux retraités avant l'âge de 60 ans, soit une charge financière annuelle de plus de 405 milliards de dinars», selon la direction de la CNR qui insiste sur le contexte particulier dans lequel a été instauré ce dispositif. «La retraite proportionnelle et sans condition d'âge a été instituée en 1997 dans les circonstances particulières du programme d'ajustement structurel élaboré par le gouvernement suite à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).» Les syndicats de l'éducation estiment que «ce n'est pas aux fonctionnaires du secteur de payer les factures de la mauvaise gestion de l'argent public». Boualem Amoura, du Satef, affirme que «le gouvernement doit trouver d'autres mécanismes pour le maintien de l'équilibre financier de la Caisse». D'autres syndicats concernés par cette grève pensent que «l'Etat gagnerait à chercher à faire entrer l'argent de l'informel dans les caisses et non pas en supprimant un acquis social». Les syndicats de l'éducation rappellent dans le même contexte que ce conflit ne concerne pas un secteur précis. «Nous nous mobilisons pour la protection des droits des travailleurs de tous les secteurs. Notre démarche est en consensus avec d'autres formations conscientes des enjeux qui entourent l'emploi et les droits des travailleurs et nous n'abandonnerons pas avant d'arracher une rectification de cette aberration», explique M. Amoura. La ministre de l'Education s'est en outre engagée à organiser en novembre une tripartite (syndicats- CNR-MEN) autour de la même problématique en vue de désamorcer ce conflit.