Le président du parti Talaie El Hourriyet ne croit pas aux performances de la Haute instance de surveillance des élections. Pis, pour l'ex-chef du gouvernement, cette instance n'est qu'un autre «instrument de fraude». «L'instance de surveillance des élections n'est pas conçue comme un instrument de prévention et de dissuasion de la fraude. Elle n'a pour raison d'être que de la perpétuer (la fraude NLDR) sous de nouvelles formes qui sont vouées à être de nul effet sur la sincérité, l'intégrité et la transparence des scrutins à venir», a écrit Ali Benflis dans une lettre de réponse adressée, hier, au directeur du cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia. La lettre de Benflis intervient dans le cadre des consultations des partis politiques, engagées par l'Etat, sur la présidence de cette instance. Mise sur pieds par le président de la République et constitutionnalisée dans la nouvelle loi fondamentale, la Haute instance de surveillance des élections a été créée dans l'objectif de donner de nouvelles assurances et des gages de crédibilité à une classe politique devenue de plus en plus méfiante à l'égard des échéances électorales. Mais l'effet escompté semble ne pas être au rendez-vous. Du moins chez les partis de l'opposition qui se sont montrés très peu enthousiastes et pas du tout convaincus de la sincérité des pouvoirs publics. «Le régime politique en place a toujours préféré le soliloque à la concertation et au dialogue sur tout ce qui engage le présent et l'avenir de la nation. Et s'il rompt avec cette solide tradition, aujourd'hui, c'est pour des consultations sur la présidence d'une instance dont la performance, quelle qu'elle soit, ne changera rien au cours discrédité des processus électoraux nationaux», affirme le président de Talaie El Hourriyet qui s'étonne de l'impasse que font les dirigeants sur les sujets essentiels, comme la crise économique ou les tensions sociales. «Dans un contexte aussi grave, faire comme si de rien n'était et ériger les prochaines élections en opération routinière me semble mener le pays, encore une fois, à passer à côté de l'essentiel ; l'essentiel étant, en l'espèce, l'impasse politique qui ne peut plus continuer à être ignorée, la crise économique qui ne se résoudra pas sans efforts», soutient-il encore, tout en estimant que «notre pays n'est pas en manque d'élections contestables et contestées qui l'ont toutes conduit là où il se trouve actuellement». Se dirigeant sans doute vers le boycott des prochaines législatives, le parti d'Ali Benflis n'a pas jugé utile de se prononcer sur la personnalité de Abdelwahab Derbal, que Bouteflika a proposé à la tête de l'instance.