Voilà une dame qui poursuit son ex-associé pour escroquerie, émission d'un chèque sans provision. Mais à la barre,elle perd de sa superbe lorsque l'inculpé affirme n'avoir jamais rempli ni signé le chèque ! Catastrophe car l'avocat, maître Chama, s'en mêle. Est-ce la débandade ? La justice va décider ce que... Rabah A. est un gars qui navigue dans le vaste domaine du médicament. Il vivait très bien jusqu'au jour où il reçut une convocation du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) pour un délit aussi grave que le crime de sang, «émission d'un chèque d'un milliard huit cent millions de centimes sans provision, selon Zahia L., la victime. Or, à la barre, l'inculpé va nier, face à une Kirat Samira, la présidente du pénal du mardi, avoir rempli et encore moins signé le chèque. Par la voix de son avocat qui a été sensationnel au cours d'abord de l'introduction d'une question préjudicielle autour de la date des faits et de la plaidoirie ensuite. Malgré la timide opposition de Abdelkrim Bouderbali, le représentant du ministère public, l'avocat a poussé le bouchon si fort tant il était tranchant et convaincant que Kirat a préféré laisser le défenseur aller au bout de son explication de cette histoire de faux et usage de faux. «Madame la présidente, nous allons économiser votre temps en martelant, en persistant, en déclarant que cette femme est une spécialiste de ce genre d'opération et qu'elle ‘‘tient'' plusieurs ‘‘victimes'' entre ses serres en imitant les signatures et en remettant les chèques au moment qu'elle seule choisit, après avoir exercé des pressions et du chantage... Maître, nous sommes dans l'émission d'un chèque sans provision et le tribunal y restera... Non, madame la présidente, la défense insiste à ce que le tribunal ait l'amabilité de la laisser aller au bout de ses accusations. L'article 386 du code pénal portant sur les menaces tranchera par la suite», lancera le conseil qui aura l'occasion d'acculer la victime jusque dans ses derniers retranchements. Devinant que la juge suivait les arguments, maître Ismaïl Chama allait en profiter pour sortir de son dossier deux documents compromettants pour la... victime du jour : «Madame la présidente, le mensonge n'a pas de limite, la vérité aussi. Et elle va aussi loin que ce qui se dit car nous avons deux écrits par la banque : le premier où il y est stipulé que l'avoir est insuffisant et le second qui est un mémoire délivré par la même banque où un des ‘‘attendus'' évoque la signature ‘‘non conforme''.» «Qui ment dans tout cet imbroglio ?» s'est exclamé le conseil qui a prié Kirat d'aller au-devant d'une enquête complémentaire, d'un complément d'informations pour trier le bon grain de l'ivraie : cette pseudo-victime qui est une récidiviste notoire dans son domaine ne va tout de même pas arriver à lézarder l'édifice nommé «justice». Non, madame la présidente, avait sifflé le conseil qui aura juste le temps d'apprendre la mise en examen du dossier. Après quoi, la bonne dame est déboutée car la présidente a décidé de l'annulation des procédures.