Deux trabendistes mènent la vie dure au tribunal. Dans une escroquerie via l'émission d'un gros chèque sans provision, la juge a décidé de ne pas laisser le tribunal être traîné dans la farine de... clowns ! Elle décide le renvoi, histoire de prendre par la main le... voleur jusqu'au seuil de son home. L'article 274 est là, debout ! Est-ce que le tribunal devrait comprendre que l'inculpé est en train d'exercer des pressions ? Ou pire du chantage, crache, la face déformée par un fâcheux rictus, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Cheraga, juridiction qui relève de l'autorité de la cour de Blida. - «Non, madame la présidente vous cherchez la vérité. Vous vouliez et vous voulez toujours savoir si j'avais en son temps signé ce chèque. J'ai dit non et j'ai aussi dit non à une expertise de chez nous. J'ai aussi suggéré une expertise en europe. Est-ce qu'il y a une loi qui l'interdise ?» Madame la juge est d'abord interloquée juste avant qu'elle ne balance en guise de «rectificatif» «Inculpé ! Ici personne n'a le droit de poser des questions au tribunal ! La seule autorité pour le faire, c'est le tribunal ! Et lui seul !», ajoute-t-elle avant d'entrer dans le vif du sujet : «Pour ce qui est de l'expertise graphologique, il y a cette mise au point que le tribunal va effectuer définitivement : Dans la recherche de la vérité, il n'y a pas de limites géographiques ni frontières naturelles. Si tel est votre désir pour laisser la place à la lumière, le tribunal ne voit aucun inconvénient à ce que cette opération d'expertise à l'étranger sauf que l'émission de chèque sans provision, fait prévu et puni par l'article 372 du code pénal, n'a jamais prévu ce cas d'espèce. Vous aviez rempli le chèque et vous l'aviez signé, cela suffit pour que le délit de chèque sans provision soit retenu...» La juge se tait... L'inculpé a véritablement soif. Ses lèvres sont blanches, ses mâchoires sont si serrées que ses tempes battent la samba. - «Je vous assure que j'ai perdu le chèque, c'est pourquoi je réclame l'expertise...» Le représentant du ministère public intervient sèchement : «Madame la présidente, le parquet attire respectueusement votre attention que le délit se situe dans l'escroquerie, et les débats doivent aller dans le sens que le tribunal avait tracé depuis le début.» L'inculpé va frôler l'outrage en s'écriant en guise de défense, ce que signifie l'intrusion du procureur... «Pourquoi s'en mêle-t-il ?» Le silence qui suit est vite rompu ! «Inculpé, tonne la magistrate, s'il y a bien quelqu'un qui a le droit d'intervenir à tout moment c'est monsieur le représentant du ministère public !» L'inculpé baisse à cet instant la tête, les épaules, les paupières, les lèvres et même le... nez ! Il semble vouloir prononcer un mot, voire des mots. - «Oui inculpé, on a trouvé une sortie ? On est prêt à régulariser ?», dit-elle en regardant du côté de la victime. Cette dernière est en colère : «Madame la présidente, j'ai eu beaucoup de préjudices. Hier soir, il m'a proposé un arrangement, je ne sais pas ce qui lui a pris dans ce revirement. Je suis déçu...», marmonne la victime qui dit son désaccord de voir son adversaire aller prison. «Et qui va me rembourser mes neuf cents millions de centimes ?», lâche-t-il, poussant la juge à le remettre à sa place en lui intimant de se taire et de laisser le tribunal décider de ce qu'il y a lieu de faire. Sur ce, elle va aller vers l'apaisement en renvoyant le procès sous quinzaine, le temps d'un arrangement décidé entre les deux adversaires. Heureux, l'inculpé quitte précipitamment la salle d'audience emportant avec lui le mystère de faux sur son chèque. Mystère.