Plusieurs juges du siège sont prompts à sauter sur un mandat de dépôt à l'encontre d'un inculpé d'émission de chèque sans provision c'est-à-dire d'escroquerie. La juge de Sidi M'hamed à Alger, elle, a choisi la tolérance dans l'intérêt bien compris de la victime surtout que la défense y avait fait allusion et le parquet avait oublié une seconde la répression. Un renvoi juteux ? «Madame la présidente, la défense, tout acte de défense toute intervention de défense va droit sur la liberté des gens. La défense de ce jour représente les intérêts de ses clients qui détiennent un chèque sans provision avec un montant à sept chiffres ! La défense n'est pas venue ici attendre le prononcé du mandat de dépôt de l'inculpé absent. La défense de la partie lésée attend de l'inculpé encore libre qu'il régularise sa situation. La défense est même disposée à établir un échéancier. Malheureusement, l'avocat de l'inculpé ne peut s'avancer à la barre du fait de l'absence de son client dont on ignore l'objet de son absence», a chantonné, un large sourire barrant la jovialité, maître M'hamed Yahia Messaoud, le conseil de la société victime de l'escroquerie, car c'est bel et bien une escroquerie, le délit d'émission de chèque sans provision lui étant assimilé ! Et c'est l'article 372 du code pénal qui le souligne. La présidente tout en gardant son sérieux a voulu ironiser sur l'absence de l'inculpé : «Peut-être maître que l'inculpé se trouve pris dans l'étau d'une infernale circulation à cette heure ! (Il était ce jour du procès 9h 20mn). Nourredine Sayem, le sympathique représentant du ministère public intervient pour adoucir ces forts moments de gêne : «Madame la présidente, le parquet a certes cette redoutable arme qui est l'opportunité des poursuites mais en tant que représentant de la société, nous pouvons tendre la perche à l'inculpé qui peut s'absenter une seule fois et donc, le ministère public ne voit aucun inconvénient si le tribunal venait à décider d'un éventuel report du procès», balance le procureur qui va tourner la tête sur sa droite et son regard d'ado universitaire à la veille d'un examen rencontre celui de maître Yahia Messaoud qui avait envie de laisser s'échapper un cri d'un fennec vainqueur sous les sables. Rendez-vous le 7 du mois prochain pour connaître l'issue de cette affaire.