La mission de ressouder les rangs du FLN ne sera pas une simple sinécure pour le nouveau patron du parti, Djamel Ould Abbès. Colmater des fissures qui datent de cinq ans n'est pas une affaire gagnée d'avance. Après l'éjection du controversé Amar Saâdani, son successeur a déclaré que les portes du parti sont ouvertes aux anciens responsables, écartés par la direction nationale. Cet appel s'adresse, notamment, au mouvement de redressement conduit par Abdelkrim Abada, et à la direction unifiée du parti menée par Abderrahmane Belayat. Ces derniers, qui ont bien accueilli le départ de Saâdani, ne veulent pas adhérer à l'appel d'Ould Abbès oreilles et yeux fermés, mains attachées. Ils posent des conditions. Celle de Belayat est difficile à satisfaire, pour ne pas dire presque impossible. Ce dernier réclame le retour à la légalité à travers l'organisation d'un congrès rassembleur. «Il faut, d'abord, abolir l'illégalité dans laquelle se trouve le parti», insiste-t-il. Contacté par nos soins, Belayat propose l'installation d'un comité ad-hoc chargé de rétablir le parti dans la légalité et bien préparer les prochaines élections législatives. «Comme en 2004, le FLN a besoin d'un congrès de rassemblement», a-t-il souligné. Pour lui, le remplaçant de Saâdani ne doit pas être un «obstacle» pour trouver la solution aux divisions qui frappent le parti. «On ne veut pas qu'Ould Abbès soit un nouveau Saâdani moins ses dérives. Il faut mettre fin aux séquelles laissées par son passage. On n'a pas besoin d'une aumône pour qu'on nous demande de rentrer dans les rangs. Il faut corriger la question de la légalité et reprendre le droit chemin», a ajouté notre interlocuteur. Pour sa part, Abdelkrim Abada, meneur du mouvement de redressement, conditionne son retour au parti par sa remise sur le rails. «La première condition est d'œuvrer pour la construction du parti sur des bases démocratiques», a-t-il déclaré. Le mouvement de redressement était à l'origine de la destitution de l'ancien secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem. Avec l'arrivée de Saâdani, un rapprochement a été tenté. Mais la gestion unilatérale et autoritaire du parti par son ex-patron et ses dérives ont mis à l'échec la tentative de rapprochement. Abada et son mouvement sont alors retournés à la contestation. Il n'est donc pas prêt de rentrer dans les rangs sans s'assurer de la volonté réelle d'Ould Abbès de corriger les lacunes. «Nous exigeons de nettoyer le parti, d'éradiquer la corruption et de renvoyer les intrus, d'instaurer la démocratie, de respecter les textes du parti, de lutter contre les anciennes pratiques qui nous ont conduits à cette situation ainsi que contre la chkara», a clamé Abada, joint hier au téléphone. Il demande également à mettre des gens compétents et intègres dans les listes électorales du parti pour les élections législatives du printemps de 2017. En somme, des conditions dont la satisfaction par la nouvelle direction de l'ex-parti unique n'est pas un jeu d'enfant. Pour peu que les contestataires respectent la condition d'Ould Abbès. «Mon premier objectif est d'aller ensemble vers les législatives et les élections de 2019. Il faut resserrer les rangs et c'est un appel à tous les militants et anciens responsables : les portes sont ouvertes, sans marginalisation et sans exclusion. La seule condition est d'avoir, en commun, la fidélité au président de la République, président du parti, et à son programme», avait-il dit.